Après Brice 3 sorti en 2016 ou le très discuté Lucky Luke en 2009, James Huth revient avec Rendez-vous chez les Malawas. Une fois encore, le réalisateur grand amateur de comique absurde devrait partager les critiques et les spectateurs. Et ça, ce n’est rien de le dire…
# La quatrième de couverture
Pour la spéciale Noël de son émission phare Rencontre au bout du bout du monde, Léo Poli emmène non pas un, mais quatre invités exceptionnels. Est-ce vraiment une bonne idée ? Nos stars partent à la rencontre des Malawas, une des tribus les plus isolées du monde. Une comédie sur la nature… humaine.
# L’avis de Lettres it be
Une critique acide des coulisses de la télévision, la « vérité » sur une émission phare de ces dernières années… Les attentes étaient élevées au sujet de Rendez-vous chez les Malawas, nouvelle création signée James Huth. À ses côtés, le réalisateur réussissait à réunir Christian Clavier, Ramzy Bedia, Michaël Youn ou encore Sylvie Testud. Rien que ça ! Et avec le ramassis de mièvrerie et de sentiments en carton-pâte offert par l’émission Rendez-vous en terre inconnue ici parodiée, on pouvait s’attendre à du lourd, du très très lourd. Et, franchement, ça sent vite le pet froid…
En 10 minutes de film, tout est joué : un Frédéric Lopez plutôt bien singé par Pascal Elbé dans le rôle de Léo Poli, des vedettes du petit écran qui s’apprêtent à traverser la planète et partir à la rencontre de peuplades isolées… Égoïstes, excessives, malhonnêtes : quand s’allume la caméra, tous ces personnages aux ressemblances absolument pas fortuites avec des personnalités existantes retrouvent le sourire. On saisit bien le délire : cette émission de télévision n’est qu’un écran de fumée peint par de trop nombreuses couches de bons sentiments et d’humanisme bidon. Et ? C’est tout. En 10 minutes à peine, le scénario du film est posé, exposé, bouclé. Tout le reste du film n’est qu’un remplissage de scènes intervertibles, de blagues bâclées, de situations attendues, le tout sans peu d’enjeu à la fin du compte. Et que dire de ce final façon Papy fait de la résistance, triste clin d’œil qui transpire le manque d’inventivité…
On pourrait se dire que visuellement ce film a quand même de quoi séduire un peu. Une grande partie de la photographie est capturée en Afrique du Sud. Mais, là encore, on reste sur sa faim… Quelques plans animaliers, quelques images de la nature, d’accord c’est joli mais il n’y a pas de quoi fouetter un zèbre. Et quand l’imaginaire de James Huth s’invite dans quelques plans (un avion-jouet dans le ciel, des transitions façon « tempête de sable »), on retrouve un peu la joie de vivre. Avant que le tout retombe très vite devant des scènes qui redeviennent classiques, sans souffle, sans inspiration, sans rien.
Pour son retour, James Huth fait office de chef de file dans une trop longue quête vers l’inspiration disparue. Peu inventif, jamais vraiment inspiré, le réalisateur est plutôt bien accompagné par un Christian Clavier stakhanoviste de sa veine comique essoufflée et un Ramzy Bedia aux abonnés absents. Michaël Youn, à bientôt 50 ans, se fatigue encore et toujours à jouer le rôle de l’idiot utile quand on le sait bien plus brillant dans des rôles plus graves, façon Héros (2007, film de Bruno Merle). Et dire qu’il se trouve aussi aux manettes du scénario de ce film en compagnie de James Huth himself et Sonja Shillito…
Figurant parmi les derniers fers de lance de l’absurde en France, James Huth contribue avec Rendez-vous chez les Malawas à creuser la tombe tant redoutée. Avec un scénario qui tient dans un mouchoir de poche et des enjeux de base qui se perdent très vite dans une jungle de gags convenus et attendus, le nouveau film de James Huth fait plus que décevoir : il surprend de passer autant à côté de son sujet. Alors que l’on s’attendait à retrouver une satire digne de ce nom, satire d’une émission à l’image de l’époque entre empathie béate et vraie escroquerie sentimentale, Rendez-vous chez les Malawas manque la cible. À trop grossir le trait, on en vient à se demander si le film n’est pas plutôt un clin d’œil appuyé pour Rendez-vous en terre inconnue, une tape dans le dos légèrement moqueuse mais qui en vient vite à changer de sujet et aller vers une aventure africaine cahotante et enfermée dans un scénario trop vite balayé.
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