Alors que la publication de ses pamphlets n’a toujours pas été définitivement exclue par le dirigeant des éditions Gallimard, voilà que Louis-Ferdinand Céline revient dans l’actualité pour une toute autre raison : la vente définitive par Lucette Destouches, sa dernière femme aujourd’hui âgée de 106 ans depuis le 20 juillet dernier, de leur domicile de Meudon où l’auteur vécut jusqu’à sa mort en 1961.
La disparition d’un patrimoine
Endettée, Lucette Destouches, l’actuelle et unique ayant-droit de Louis-Ferdinand Céline, s’est donc trouvée dans l’obligation de vendre la maison de Meudon, lieu où l’auteur du Voyage au bout de la nuit vécut de 1951 à 1961, et où il tira son dernier souffle. Une vente réalisée sous forme de « vente à terme avec droit d’usage d’habitation » selon les mots de l’avocat de Lucette Destouches, Me Gibault, également exécuteur testamentaire de l’auteur. C’est un voisin proche du domicile qui, selon le journal Le Point, a fait l’acquisition du bien et pourra en profiter à la disparition de sa propriétaire, âgée de 106 ans et dans l’obligation de dépenser d’importantes sommes pour son accompagnement médical. Des sommes qui ont pu la pousser dans une situation d’endettement qui était, d’ailleurs, à l’origine de la cession des droits des pamphlets au sujet d’une possible republication aux éditions Gallimard, cession pourtant refusée de son vivant par Louis-Ferdinand Céline.
Mais au-delà de cette vente immobilière somme toute classique, c’est le refus de toutes les institutions culturelles publiques ou privées de mettre la main sur ce bien en vue de perpétrer l’œuvre de l’un des plus grands auteurs français du XXème siècle qui retient l’attention. Les pamphlets de Céline suffisent aujourd’hui à enlever tout crédit à une œuvre peut-être beaucoup plus vaste, plus large, et qui offre un terrible éclairage sur toute une époque. Malgré deux incendies ayant dévasté cette demeure, restent encore quelques pièces, brouillons ou photographies qui permettraient de comprendre davantage la complexité de l’œuvre et de l’existence de Louis-Ferdinand Céline, de l’ouverture de son cabinet de jeune médecin à la fermeture de sa tombe sous le sceau de l’infamie pour les siècles. Comme le dit Fabien Roland-Lévy, toujours pour Le Point, cette absence de manifestation pour un quelconque rachat est peut-être le fruit d’un refus catégorique afin « d'éviter que le lieu ne devienne un but de pèlerinage pour des admirateurs du pamphlétaire antisémite de Bagatelles pour un massacre ou Les Beaux Draps. » Ou comment jeter la réflexion et l’Histoire aux flammes de la hâte et du dédain intellectuel…
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