Un Goncourt de la nouvelle en 2016, un Prix du Style en 2012, un Prix Renaudot des Lycéens en 2001. Marie-Hélène Lafon dispose d’un palmarès littéraire à faire pâlir d’envie le moindre aspirant écrivain. Et cette talentueuse auteure revient dans les librairies, en pleine rentrée littéraire 2017, avec Nos vies publié chez Buchet-Chastel. L’occasion de retrouver, une fois de plume, cette agréable plume ? Lettres it be répond à la question dans les paragraphes qui suivent !
# La bande-annonce
« J’ai l’oeil, je n’oublie à peu près rien, ce que j’ai oublié, je l’invente.J’ai toujours fait ça, comme ça, c’était mon rôle dans la famille, jusqu’à la mort de grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d’autre pour lui raconter, elle disait qu’avec moi elle voyait mieux qu’avant son attaque. »
Le Franprix de la rue du Rendez-Vous, à Paris. Une femme, que l’on devine solitaire, regarde et imagine. Gordana, la caissière. L’homme encore jeune qui s’obstine à venir chaque vendredi matin... Silencieusement elle dévide l’écheveau de ces vies ordinaires. Et remonte le fil de sa propre histoire.
# L'avis de Lettres it be
La vie, d’abord, de Marie-Hélène Lafon est un roman. D’abord professeure agrégée de Lettres Classiques qui fit le choix d’enseigner dans un collège en ZEP, puis auteure à succès dès 1996, la native d’Aurillac est une valeur littéraire plutôt sûre, qui brille autant par sa discrétion que par sa plume. Son retour s’effectue ici avec Nos vies, le roman de la solitude et des villes. Comme une évidence.
Jeanne Santoire est la narratrice de ce roman. Des visages, des yeux, des bouches, des cheveux, elle en a épié toute sa vie, elle en a imaginé aussi. Aujourd’hui, elle coule une petite retraite paisible partagée entre la caisse de son supermarché le plus proche et le visage de cet homme solitaire, point de départ du roman. Gordana la caissière, Horacio le solitaire. Là commence l’exercice de style sur deux vies entremêlées qui en expliqueront beaucoup d’autres.
Marie-Hélène Lafon propose un roman sans fil narratif précis, si ce n’est celui de l’invention des vies, l’invention des existences. La flânerie à toute sa place, cette flânerie du regard qui se laisse aller et de l’imagination qui se laisse porter. Un exercice d’écriture hardi, peu aisé mais très osé. Et force est de constater que le plaisir de lecture est au rendez-vous : ces petites existences s’inventent et s’invitent dans les pages d’un roman assez court et qui se termine comme une bouffée d’air dans une littérature contemporaine parfois alourdie par le dramatisme. Ici, simplement la légèreté, la frivolité d’un regard et l’infinité d’une pensée. Une bouffée d’air on vous dit !
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