Il est de retour
de Timur Vermes
Et si l’Histoire pouvait nous rejaillir au visage ? Et si le passé resurgissait aujourd’hui, à une autre époque, dans une toute autre société ? Et si l’horreur revenait nous côtoyer de près non contente d’hanter nos esprits depuis des lustres ? Ce sont toutes les questions que nous pose directement Timur Vermes, journaliste reconnu outre-Rhin, avec son premier roman « Il est de retour », véritable succès à travers le monde. Traduit dans plus de 35 langues, plus d’1,5 million d’exemplaires vendus, adapté à l'écran par Netflix … « Il est de retour » semble s’imposer comme une petite pépite à découvrir sans plus attendre. Espoir déchu ? Lettres it be vous donne la réponse !
// « Le plus stupéfiant restait quand même la situation actuelle de l'Allemagne. A la tête du pays se trouvait une femme lourdaude, aussi charismatique qu'un saule pleureur, et dont l'action était déjà d'emblée discréditée par ses trente-six années de collaboration bolchevique, sans qu'elle en soit le moins du monde gênée aux entournures. » //
# La bande-annonce
(Quatrième de couverture) : Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d’agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l’odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s’emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise …
Hitler est ravi, qui n’en demandait pas tant. Il le sent, le pas est prêt. Reste à porter l’estocade qui lui permettra d’achever enfin ce qu’il avait commencé.
# L’avis de Lettres it be
Comment aborder ce livre, cet Objet Lisible Non Identifié offert par Timur Vermes ? Pour un premier roman, le journaliste allemand bien connu de l’autre côté du Rhin frappe fort, c’est certain. Avec un ton enlevé, simple, un recours incessant aux dialogues et au rire grinçant, Vermes fait revivre sous sa plume un Adolf Hitler tout droit revenu du passé, et qui se réveille hagard dans un terrain vague. Mais le triste sire va vite se retrouver de la vigueur grâce au dégoût que lui inspire son pays tel qu’il est de nos jours. Aidé par quelques personnages plutôt ternes qui s’enlisent au second plan de l’histoire du roman et bien accompagné par des médias avides de « scoops », les aventures du Hitler 2.0 vont vite prendre une tournure saisissante.
Curieusement, et malgré l’apprentissage au forceps que nous a inculqué l’Histoire, ce que nous raconte ici Timur Vermes est loin de n’être qu’un récit romanesque. Souvent, le ton est juste, actuel, dans l’air du temps, et on se surprend à acquiescer devant les idées d’un homme ayant incarné avec le plus d’immondice l’horreur. Il est vrai que certaines longueurs font vite leur apparition dans le courant des pages qui se tournent. Le cadre de l’histoire est posé, le schéma narratif est captivant quoique non infini. Mais l’ennui ne point que lorsque le roman s’éteint nous laissant pousser un « ouf » de soulagement bienvenu de peur que la fin ne nous laisse sur une sensation de trop-plein.
C’est véritablement là le tour de force de ce livre : on ne revit jamais l’Histoire, mais on peut arriver à constater que ses apprentissages, son héritage, ne sont jamais perçus à leur juste valeur. Nous tournons les pages de notre passé en sautant quelques lignes, quitte à vouloir relire certains passages des années après. Timur Vermes nous en fait l’avertissement avec « Il est de retour ». Brillant. Captivant.
// « Tout le monde sait à quoi s’en tenir avec nos journaux : le sourd note ce que lui raconte l’aveugle, le crétin de service corrige le tout et les collègues recopient ! Tous les cancans sont repris et plongés dans une soupe de mensonges avant que ce « merveilleux » breuvage soit servi au peuple qui ne se doute de rien, même si, dans ce cas, j’étais prêt à faire preuve d’une sorte d’indulgence. » //
Écrire commentaire