Un tournant majeur dans la politique turque avec une déroute historique pour le parti d’Erdogan, l’AKP, lors des élections municipales : c’est en effet ce que témoignent les résultats.
Au terme du dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, près de 95%, le verdict est sans appel : le parti au pouvoir depuis 2002 a été mis en échec par le parti d’opposition. Recep Tayyip Erdogan, à la tête de la Turquie depuis 21 ans, a dû enregistrer une défaite qui marque un “tournant” pour son parti, selon ses propres termes.
Le CHP, un grand gagnant
Le CHP, principal parti d’opposition social-démocrate, a en effet réussi une percée remarquable. Ancré à Istanbul et Ankara, il s’est aussi imposé en Anatolie. Ekrem Imamoglu, maire sortant d’Istanbul, a proclamé sa réélection à la tête de la plus grande ville du pays. Mansur Yavas, à la mairie d’Ankara sous la bannière du CHP, a lui aussi revendiqué le succès.
Une reconnaissance de la défaite par Erdogan
Face à cette défaite, Recep Tayyip Erdogan a promis de “respecter la décision de la Nation”, reconnaissant ainsi la victoire de l’opposition. Il a tout de même rappelé les “quatre années de travail (…) à ne pas gaspiller” avant les prochaines élections, rejetant ainsi l’idée d’un scrutin anticipé.
Un paysage politique en changement
Le paysage politique turc voit donc arriver de nouveaux acteurs. Le parti pro-kurde DEM s’est distingué en prenant une avance notable dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde. En parallèle, les candidats de l’AKP ont maintenu leur leadership dans plusieurs grandes villes d’Anatolie.
La défaite de l’AKP à Istanbul revêt un caractère significatif. Ekrem Imamoglu, maire réélu de la ville, est en effet perçu comme un rival direct d’Erdogan. Le résultat de cette élection pourrait donc avoir des répercussions importantes sur la suite de la vie politique turque.
Malgré l’avantage médiatique dont a bénéficié Erdogan, disposant d’un temps d’antenne illimité sur les chaînes publiques pendant la campagne, cela n’a pas suffi à maintenir l’AKP au pouvoir dans les grandes villes du pays.