C’est une petite pépite de derrière les fagots qui est sortie en septembre dernier du côté des éditions Au diable vauvert (un merci en passant). Une anthologie de textes inédits sur l’écriture, des textes signés Charles Bukowski himself. L’occasion parfaite pour se replonger encore une fois dans la genèse de l’œuvre d’un raté merveilleux, ce natif d’Andernach en Allemagne, ce Hank, ce Buk, ce Henry Chinaski qui manque quand même pas mal à la littérature d’aujourd’hui …
« L’autre soir j’ai reçu la visite d’un éditeur et d’un auteur et le fait qu’ils m’aient trouvé négligé, la tête dans le cul, ne peut pas être entièrement de ma faute : le caractère de leur visite était aussi impromptu qu’un lâcher de bombe atomique […] »
De la poésie, de l’alcool en doses industrielles, des p’tits boulots par-ci par-là … On suit, texte après texte, les péripéties de l’immigré allemand arrivé très jeune sur le sol de l’Oncle Sam. On suit ses sautes d’humeur, on suit ses succès et ses échecs (plus nombreux), on suit ses attirances et ses répulsions … On lit avec avidité par-dessus l’épaule d’un géant lumineux qui pue la vinasse. Bukowski n’est clairement pas que le trublion qui a donné des sueurs froides à Bernard Pivot sur le plateau d’Apostrophes dans une séquence restée célèbre. Bukowski c’est la voix d’en-dessous, la voix des rejetés de la société, la voix des mal coiffés, la voix des puants, la voix de ceux que l’on ne regarde plus. Et ce livre est son porte-voix.
Mais au-delà de tout ça, c’est une pensée toute entière qui se forme, se déforme, avance et évolue. Cette compilation retrace la piste d’une vie à auteur d’homme, de la haine paternelle au fabuleux succès de Women et tant d’autres textes encore … Tout y est, tout est dans ces quelques 338 pages. Alors, amoureux transis du clochard céleste ou curieux de nature, si vous n’avez pas encore fait l’acquisition de votre Petit précis de Bukowski, courez-y : c’est chez Au diable vauvert et ça vaut franchement le détour.
« Serait-ce vulgaire de dire que le seul avantage à être artiste reste (encore) la possibilité de prendre ses distances vis-à-vis d’une société sur le déclin, ou s’agit-il simplement d’un concept tombé en désuétude ? »
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