"Un divan à Tunis" de Manele Labidi : Sigmund chez les Tunisiens

Un divan à Tunis est le premier film de Manele Labidi avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled
Un divan à Tunis est le premier film de Manele Labidi avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled

C’était l’un des films les plus remarqués avant que la crise du coronavirus vienne fermer les portes de nos cinémas préférés. Un divan à Tunis est le premier long-métrage de la réalisatrice française Manele Labidi. En compagnie de Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled et consorts, la réalisatrice se penche sur la Tunisie d’aujourd’hui, ses errances et ses réjouissances.

 

 

# La quatrième de couverture

 

 

 

Après avoir exercé en France, Selma, 35 ans, ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la Révolution, la demande s'avère importante dans ce pays « schizophrène ». Mais entre ceux qui prennent Freud et sa barbe pour un frère musulman et ceux qui confondent séances tarifées avec "prestations tarifées", les débuts du cabinet sont mouvementés… Alors que Selma commence enfin à trouver ses marques, elle découvre qu'il lui manque une autorisation indispensable pour continuer d'exercer…

 


# L’avis de Lettres it be

 

 

La question du retour après l’exil, le remodelage politique de la Tunisie après la chute de Ben Ali, le rapport entre religion et modernité… C’est qu’il y en a des questions soulevées par Manele Labidi pour son premier film. Ambitieux dans cette volonté de décrypter la Tunisie d’aujourd’hui, Un divan à Tunis n’en demeure pas moins un long-métrage marqué du sceau de l’humour et de la légèreté, autour de la figure de Freud, barbu chez les barbus. Ce Freud est apporté par Selma, psychanalyste formée en France après avoir quitté la Tunisie l’année de ses 10 ans. Un retour sur ses terres d’origine pour ouvrir son cabinet, ce qui ne sera pas une mince affaire…

 

Du trio policier façon buddy movie de l’Orient à cet imam paisible et effrayé par la radicalité nouvelle de sa religion, en passant par toute cette galerie de personnages incarnant tour à tour des cas d’école de psychanalyse qui jusqu’à alors n’avaient pas su trouver de quoi s’assumer et s’exprimer dans cette société, Un divan à Tunis profite d’une construction idéale pour servir un propos simple et cohérent : après l’orage, où en est la Tunisie ? Du début à la fin, tout est bien calibré, juste dans le ton et la forme. On se surprend même à ne pas noter le moindre temps faible ou la moindre perte d’intelligence au rythme et à mesure que s’enchaînent les plans. Et que dire de cette scène finale, là encore terriblement bien pensée, qui vient clore un petit coup de maître, rempli d’humilité et d’intelligence…

 

 

 

Dans la lignée de l’excellent Papicha signé Mounia Meddour, Un divan à Tunis est une fenêtre ouverte sur le monde musulman d’aujourd’hui. L’alcool, le voile, le mariage, le rapport à l’étranger… Tout y passe sans coup férir, avec une honnêteté désarmante dans le propos. Avec finesse et humour, Manele Labidi signe un grand film, modeste et assumé de bout en bout sur une thématique plus que jamais d’actualité. Le tout servi par la prestation XXL d’une Golshifteh Farahani plus délicieuse que jamais. Incontournable !

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0