José Rodrigues dos Santos est l'un de nos auteurs favoris. Le journaliste et professeur portugais est revenu dernièrement en librairie avec L'homme de Constantinople, son nouveau livre publié chez HC Editions. Pour en savoir un peu plus sur ce nouveau livre et sa méthode d'écriture si particulière, Lettres it be est allé lui poser quelques questions.
Bonjour et merci de prendre part à ce nouvel interview pour Lettres it be. Tout d’abord, une question terriblement basique mais indispensable : qui êtes-vous José Rodrigues dos Santos ? Que faisiez-vous avant de vous lancer dans l’écriture ?
Je suis journaliste à la télévision portugaise. Né au Mozambique, d’où je suis sorti en 1974 lors de la chute de l’empire portugais, j’ai vécu aussi à Macau, une colonie portugaise en Chine, et à Londres, où j’ai travaillé pour la BBC. Je parle français grâce à mes lectures de jeunesse. Tintin et Astérix, par Toutatis !
Professeur, journaliste, présentateur TV au Portugal… Comment arrivez-vous à trouver le temps nécessaire pour écrire en conciliant toutes ces activités ?
C’est simple. Quand on fait ce qu’on aime, on trouve toujours le temps. J’aime écrire, c’est tout. Il y a des gens qui écrivent sur Facebook, moi j’écris les « books ».
Qu’est-ce qui a pu vous pousser vers l’écriture ? Une passion depuis tout jeune ? Une envie particulière à un moment de votre vie ?
Le hasard, vraiment. J’enseignais à l’Université de Lisbonne où j’ai fait ma thèse de doctorat. À cause d’un défi d’un ami écrivain, j’ai utilisé un épisode de ma recherche pour une thèse pour écrire mon premier roman.
Ce qui retient l’attention dans vos livres, c’est assurément la masse incroyable de recherches et d’informations que l’on y retrouve. Pouvez-vous nous livrer votre recette, votre méthode d’écriture pour livrer des romans aussi riches et fouillés où le lecteur apprend autant qu’il se régale à lire et vivre les aventures que vous nous proposez ?
Je fais un genre de roman qui je voulais lire mais qui je ne trouvais pas : des romans qui, d’une manière paisible, nous expliquaient le monde. Mes romans ne sont pas seulement des passe-temps, ils sont des gagne-temps. Par ça je veux dire qu’on s’amuse à lire, et dans ce sens ce sont des passe-temps, mais aussi on apprend des choses et ainsi on gagne connaissance. Des gagne-temps.
L’islam et le djihad, l’histoire du Vatican, le christianisme et la « vraie » vie de Jésus… Vous abordez souvent dans vos romans des thématiques qui font débat, des débats parfois virulents. Pourquoi tenez-vous à vous engager sur ces chemins ? Votre nature de journaliste qui reprend le pas et vous pousse à transmettre la « vérité » ou en tout cas l’état actuel et avéré des faits ?
J’aime toucher l’interdit, j’aime montrer ce qui est caché. Et c’est ça la plus noble mission de la littérature. Flaubert a montré l’interdit avec Madame Bovary, Orwell avait dit l’interdit avec 1984. La grande littérature n’est pas sur le style, même s’il demeure toujours important, mais sur la vérité. Un écrivain touche aux interdits.
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D’ailleurs, comment choisissez-vous ces thématiques ? Une logique dans l’évolution de votre personnage Tomas Noronha ou une envie particulière de traiter tel ou tel sujet ?
L’envie de traiter un sujet. Lorsque je trouve qu’il y a des choses importantes à dire sur un sujet quelconque, je trouve un roman. Dire la vérité interdite, voilà l’enjeu de mes romans.
Pour la première fois dans vos livres traduits en français, vous quittez votre personnage fétiche Tomas Noronha pour raconter, dans L’homme de Constantinople, l’histoire de Calouste Gulbenkian. Quelques mots peut-être pour présenter ce nouveau livre à toutes les personnes qui n’auraient pas encore eu la chance de le découvrir ?
Gulbenkian, alias Sarkisian dans mon roman, avait la meilleure collection d’art privé du monde à son époque. L’homme de Constantinople nous raconte une histoire vraie sur l’art et la beauté par le fil de la vie de l’homme qui a organisé le business mondial du pétrole. C’est une histoire sur le XXème siècle.
Pourquoi avez-vous été intéressé par la vie de cet homme, Calouste Gulbenkian, au point de retracer sa vie dans un livre ?
Gulbenkian, méconnu ailleurs, est très connu au Portugal. Sa fondation, la quatrième plus grande du monde, est devenue une sorte de ministère de la Culture du Portugal pendant des décennies. Beaucoup de portugais ont lu des livres grâce aux Bibliothèques Itinérantes Gulbenkian. Mais qui était cet homme dont tout le monde connaissait le nom au Portugal mais qui personne connaissait vraiment ?
L’homme de Constantinople aura une suite, qui paraîtra l’année prochaine. Et concernant Tomas Noronha, pourra-t-on bientôt avoir la joie de le retrouver dans nos librairies françaises ?
Bien sûr. Bientôt Tomás reviendra avec une aventure étonnante.
Passons maintenant à des questions un peu plus légères pour en savoir plus sur José Rodrigues dos Santos l’homme et José Rodrigues dos Santos l’auteur :
Le livre à emporter sur une île un peu déserte ?
Of Human Bondage, William Somerset Maugham
Film ou série ?
Once Upon a Time in America, Sergio Leone
Le polar que vous auriez aimé écrire ?
The Murder of Roger Ackroid, Agatha Christie
Le livre que vous aimez en secret ?
Le Kamasutra. Ahahah !
Le personnage que vous rêveriez d’être ?
Tintin
L’auteur avec qui vous voudriez discuter autour d’une bière ?
Somerset Maugham.
L’auteur que vous n’auriez pas aimé être ?
Les dépressifs.
Vous ne devez écouter plus qu’une seule musique. Laquelle ?
Haja o que Houver, Madredeus.
Votre passion un peu honteuse ?
Les chocolats.
Le livre que vous offririez à un inconnu/une inconnue ?
Le Lotus Bleu, Hergé.
La première mesure du Président dos Santos ?
Une politique fiscale pour encourager la croissance.
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