Il est de notoriété publique que la pratique (très) assidue du sport puisse être perçue comme une accoutumance, pire, une dépendance. Après une bonne séance, alors que la sueur a recouvert chaque centimètre carré de votre corps, votre cerveau se met à libérer de la dopamine, le même médiateur chimique que lorsque vous ressentez du plaisir et/ou du désir. Autant dire que l’on s’habitue vite à cette bonne chose. Mais au-delà de cette constatation plutôt scientifique, la pratique du sport est en train de devenir également un marqueur social fort. C’est tout l’objet du livre de Carl Cederström et André Spicer, Le syndrome du bien-être publié chez L’Echappée.
Carl Cederström est suédois, André Spicer est américain. Les deux compères se lancent, à travers leur ouvrage commun, dans une déconstruction en règle de ce culte du corps, ce corps sculpté par le sport, par cette tyrannie consentie de la performance et de la concurrence. On y lit alors la vision des deux auteurs sur tout cela, leur interprétation de cette société des objectifs, du dépassement de soi, apparemment comme un logique reliquat de notre société capitaliste.
Le culte de la performance, l’obligation d’atteindre ses objectifs, l’amélioration de son « moi », le recentrage indispensable sur son être et son bien-être … Toutes ces différentes figures sont ici mises en relation avec la pratique du sport, par les deux auteurs. Un essai qui se fait donc éminemment politique, social, et où sont critiquées les nouvelles vertus conférées au sport. On regrettera tout de même une conclusion un peu hâtive, fortement relative, et qui s’habille plus de la tenue du constat orienté que de l’apparat des solutions potentielles. Car si le culte du corps par le sport est un absolu à combattre, il est aussi le résultat d’une société où les individus demeurent libres et disponibles pour faire ce choix. Le syndrome du bien-être, le symbole d’une liberté ?
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