Le récent ouvrage Morales provisoires paru aux Editions de l’Observatoire est l’occasion de retrouver toute une compilation des différents passages radio de Raphaël Enthoven diffusés sur Europe 1 et ayant traité de l’actualité entre 2015 et 2017. On y parle d’Harry Potter, de code de la route, de Roger Federer, de terrorisme, de féminisme et, bien entendu, de philosophie. Bref, on y parle de tout mais toujours avec un recul qui brille autant qu’il manque de nos jours. Lettres it be est parti découvrir ces Morales provisoires et vous en dit un peu plus.
Raphael Enthoven s’affirme, une fois encore, en homme accompli des médias, de tous les médias. Aussi bien à la radio qu’à la télévision, aussi bien dans les librairies ou sur le Net, le philosophe distille ses pensées sans coup férir, sans prendre le partie de la supposée complexité de la philosophie. Parce que chaque événement autour de nous, des plus insignifiants aux plus graves, trouve un écho particulier qui reste plus que jamais à penser, Raphaël Enthoven nous invite à penser les yeux grands ouverts dans chacune de ces chroniques. Etablir une comparaison entre Roger Federer et le mouvement des astres est quelque chose, sur le papier, de plutôt osé. Mais dans cet exemple de chronique, comme dans beaucoup d’autres, Enthoven démontre son intérêt pour une gymnastique permanente de l’esprit qui nous éclaire énormément sur ce qui peut se tramer autour de nous.
On ne sombre jamais dans la philosophie de supermarché, dans l’érudition discount qui sert plus les opinions que les esprits. Raphaël Enthoven a ce tact de l’esprit de mélanger les références, de multiplier les appels du pied sans pour autant perdre la moindre once de cohérence. Même s’il faut constater que, parfois, l’homme se perd dans les discrets déboires de ses avis personnels par des qualificatifs hasardeux ou des tournures de phrases orientées, force est de constater que la solidité du fond de chaque propos suffit à passer outre.
En résumé, c’est sobre, c’est cohérent, c’est terriblement intelligent et captivant. Des formulations de nos politiciens à l’actualité la plus insignifiante, Enthoven fait feu de tout bois. Et même si l’analyse rhétorique se mélange peut-être trop souvent à la philosophie pure, même pratique, Raphaël Enthoven démontre, une fois encore, tous ses talents et toute sa capacité à nous amener vers la réflexion même élémentaire plutôt que la fainéantise intellectuelle de toute notre époque.
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Thanatophore (dimanche, 11 août 2019 16:28)
Un très mauvais livre pour ceux qui s'attendent à y trouver de la philosophie. Un livre passable pour ceux qui ont la paresse de penser par eux-mêmes et qui veulent savoir quoi penser de l'actualité sans avoir à lire Le Monde diplomatique, sans avoir à s'injecter trente documentaires par mois et sans avoir à ouvrir des livres vraiment consistants. Un livre correcte pour fanfaronner dans un dîner petit-bourgeois où aucun invité ne se piquerait de philosophie ou ne serait universitaire (car je n'ai jamais rencontré aucun philosophe ni aucun universitaire prenant Enthoven au sérieux, de même qu'ils ne prennent pas au sérieux tous les gens chez qui Enthoven va pour capter le capital symbolique qui lui fait défaut du fait de n'avoir jamais produit une œuvre philosophique reconnue par la communauté scientifique). C'est tout !