C’est un intemporel classique qui se retrouve sur la scène du Théâtre le Ranelagh en ce moment à Paris, un intemporel classique porté par la compagnie Les Nomadesques. Cette compagnie fondée en 2002 s’empare de la pièce de Victor Hugo Ruy Blas et propose une version un brin plus emportée.
Un classique parmi les classiques
Ruy Blas. C’est l’histoire d’un petit valet, d’un moins que rien, qui s’éprend de la reine d’Espagne. Rien que ça. Une histoire banale direz-vous. Sauf que si l’on y rajoute la maestria, la plume et l’esprit de Victor Hugo, si l’on y rajoute le contexte historique et social qui est celui de la première moitié du XIXème siècle où est écrite la pièce, on tombe très vite face à un chef-d’œuvre.
Victor Hugo propose dans sa pièce à mi-chemin entre Molière et Corneille (« […] donnant à Corneille la main gauche, à Molière la main droite. ») le reflet de toute une époque. On y retrouve des éléments de la tragédie classique, on y retrouve la bouffonnerie de Molière. Hugo fait le choix d’un mélange des genres pour donner encore plus d’allant à sa pièce et contenter la plus grande partie de ses spectateurs en donnant, à tous, matière à penser. Loin de l’élitisme du théâtre classique, Hugo fait le vœu d’une pièce pour « les femmes, les penseurs et la foule ». Ruy Blas n’est donc plus l’idiot utile de l’engrenage qui se met en place contre lui mais bien le héros subtil de l’amour et du courage. Issu de rien, simple laquais au service d’un marquis qui se perd, Ruy Blas profitera d’une manipulation ourdie par Don Salluste, ce même marquis, pour gravir les échelons et accéder au cœur de la reine au bénéfice de la tromperie. Jusqu’au sacrifice suprême, jusqu’à l’inévitable dénouement.
Intemporel
C’est donc à ce monument de théâtre que la compagnie Les Nomadesques se confronte depuis le 24 janvier dans le sublime écrin du Théâtre du Ranelagh. La compagnie qui compte plus de 16 années d’existence maintenant a toujours alterné entre les grands classiques du théâtre et des réalisations diverses, pour les plus jeunes par exemple. La voilà qui revient donc avec cette adaptation, plutôt bienvenue par les temps qui courent, de Ruy Blas.
Avec la volonté de donner à voir une tragédie qui illumine encore (trop) bien notre époque, la troupe menée par Vincent Caire opte pour une mise en scène plutôt rajeunie, des transitions musicales sonnantes et trébuchantes et un décor minimaliste mais plutôt bien immersif réalisé par Caroline Rossignol. Ca entre par le fond de la salle, ça sort par les côtés … Le spectateur devient un maillon de la chaîne, un personnage comme les autres. Chaque acteur brille dans son rôle. Mentions spéciales à un Don César (le vrai) sympathique et délirant porté par Gaël Colin et à Ruy Blas, évidemment, un brin chouineur mais emporté par la fougue de Damien Coden.
En somme, la troupe fait des choix de mise en scène assumés et ça prend. On découvre ou redécouvre avec joie le sublime chef-d’œuvre de Victor Hugo et les quelques deux heures à peine s’écoulent jusqu’au dénouement fatal.
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