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"La barbarie des hommes ordinaires" de Daniel Zagury : qui sont les barbares si ce n'est nous ?

La barbarie des hommes ordinaires est le dernier essai de Daniel Zagury publié aux Editions de l'Observatoire
La barbarie des hommes ordinaires est le dernier essai de Daniel Zagury publié aux Editions de l'Observatoire

C’est un essai qui a d’ores et déjà fait grand bruit à la suite de plusieurs dramatiques faits d’actualité qui ont marqué les jours et les mois passés en France et ailleurs. La barbarie des hommes ordinaires publié aux Editions de l’Observatoire est le dernier essai de Daniel Zagury, psychiatre reconnu dans sa profession mais aussi dans la voie médiatique après ses nombreuses apparitions au cours de procès ayant marqué l’histoire judiciaire française (Guy Georges, Patrice Alègre etc.) L’homme revient avec un nouveau livre qui ne vise rien d’autre qu’à nous éclairer quant à notre part de barbarie qui sommeille en chacun de nous.

 

 

 

Quatrième de couverture :

 

Pourquoi les actes les plus barbares sont-ils si souvent commis par les hommes les plus ordinaires ? Un mari assassine brutalement la femme qu'il disait aimer; une mère tue son enfant à la naissance; un homme respectable participe à un génocide; un petit délinquant prépare une tuerie. Cela suscite à chaque fois l'incrédulité et la stupéfaction de l'entourage et des médias. C'était «un homme sans histoire», «une jeune femme discrète», «un marginal sans grande envergure»... Comment ces personnes basculent-elles dans la barbarie? Quels sont les mécanismes psychiques à l'oeuvre pour que leur pensée se vide et que plus rien ne les retienne? Quelles barrières émotionnelles et morales sont un temps franchies pour que surgisse l'impensable? 


Ce livre éclaire les conditions qui, d'étape en étape, conduisent à des actes aussi atroces. Il explore la clinique de la banalité du mal. Il nous semble incroyable de commettre de telles horreurs. Cela dépasse notre entendement. Pourtant, les cas ici présentés ne relèvent ni de la maladie, ni de la perversion, ni de la psychopathie. Autrement dit, ils nous ressemblent.


 

« Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. » Cette phrase restée célèbre de Claude Lévi-Strass pourrait suffire à résumer tout un pan du livre de Daniel Zagury. Au fil des pages et des cas mis en lumière, Zagury montre avec une certaine pédagogie que le ressort pathologique ne permet pas toujours d’expliquer les actes les plus horribles, les plus graves. La tendance contemporaine à « pathologiser » à outrance prend dans ce livre du plomb dans l’aile tant Daniel Zagury démontre qu’il est plus que jamais indispensable d’aller fouiller tous les rouages et toutes les réflexions profondes qui peuvent se cacher derrière un meurtre ou un acte grave et inexplicable. Sur ce point, la première partie de l’ouvrage est d’une richesse évidente tant elle prend à contre-pied nombre d’idées reçues largement diffusées ces temps-ci. L’instabilité psychiatrique supposée n’est pas cause et conséquence comme on voudrait le croire, et Daniel Zagury s’emploie à nous le prouver.

 

 

 

C’est sur la seconde partie que le bât blesse. L’auteur glisse doucement vers les travaux d’Hannah Arendt, quitte à en introduire d’importants passages. Et à partir de là, la réflexion se fait plus nuageuse, un brin complexe,  et il devient peu aisé de voir les liens entre le procès de Nuremberg et les autres éléments que peut avancer l’auteur.

 

Daniel Zagury
Daniel Zagury

Spécialiste reconnu aussi bien en psychopathologie qu’en psychiatrie légale, Daniel Zagury s’essaie à éclairer les esprits avec La barbarie des hommes ordinaires en mobilisant nombre de concepts, avec en première ligne plusieurs travaux d’Hannah Arendt. Les différentes affaires judiciaires ayant profondément marqué l’Hexagone ces dernières années, des classifications psychiatriques de certains actes, une évaluation de notre société à la lumière des connaissances psy- (-chologiques, -chiatriques, -chopathologiques etc.)… Daniel Zagury n’épargne rien et semble peut-être vouloir trop en faire en oubliant que, à titre d’exemple, le déroulé du procès d’Outreau n’est pas une évidence pour chaque lecteur, tout comme certains termes techniques propres à sa profession. Un ouvrage à visée éclairante, c’est certain, mais qui manque peut-être le coche sur certains points et davantage sur sa conclusion qui ne tranche pas véritablement, ne se risque pas à un éclaircissement ferme et définitif. L’homme ordinaire est-il nécessairement un barbare qui s’ignore ? Peut-être…





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