Michel Onfray prolonge sa saga socio-politique débutée avec Décoloniser les provinces : Contribution à toutes les présidentielles en mars 2017 et poursuivie avec La cour des miracles : Carnets de campagne publié en juin de la même année. C’est avec un nouveau recueil de courtes chroniques, Zéro de conduite : Carnes d’après campagne sorti en avril dernier, que le philosophe poursuit (termine ?) cette série. Lettres it be a découvert ces Carnets d’après campagnes et vous en dit quelques mots.
Quatrième de couverture :
« Ce que la clique journalistique maastrichienne nomme recomposition depuis l’élection de son homme-lige, Emmanuel Macron, n’est en fait qu’une décomposition dont elle ne sent même plus la mauvaise odeur malgré son nez qui s’est allongé à cause de sa profession.
Car Macron n’a pas tué le PS qui était déjà mort, il n’a pas fusillé les Républicains qui étaient déjà détruits, il n’a pas pulvérisé le FN qui était déjà coupé en deux, il n’a pas tué Mélenchon qui était déjà faisandé, il n’a pas dessoudé l’extrême gauche qui était déjà atomisée…
Loin du général de Gaulle qu’il évoque avec des clins d’œil appuyés, Macron a simplement rassemblé sous son nom la rouerie et le cynisme de Mitterrand, la vassalisation et le pragmatisme de Chirac, l’énergie et l’hyper-présidence de Sarkozy, la roublardise et le sourire de Hollande : c’est l’homme de la synthèse construit par les médias aux mains de quelques-uns et par les marchés.
Zéro de conduite propose la chronique de son début de règne. On y croisera aussi nombre de personnages secondaires qui se croient principaux. Nul doute qu’avec ce personnel politique la preuve se trouve donnée que nous sommes sortis de l’Histoire… »
Libéré de ses entraves passées, Michel Onfray souffle sur les braises de notre société française et sur bon nombre de ses heurs et malheurs. Après s’être attelé à la déconstruction minutieuse de la psychanalyse et de la figure de Sigmund Freud, après avoir bâti une œuvre massive en philosophie d’abord et sur de nombreuses franges historiques et sociales, Michel Onfray s’attaque à notre temps. Avec son sens de l’observation aiguisé comme jamais, rarement avare de bons mots, le natif d’Argentan dans l’Orne profite de ses Carnets pour s’offrir quelques libertés. Non pas qu’il abandonne définitivement la philosophie le temps de quelques ouvrages, ses concepts dominants n’étant jamais trop éloignés, mais on sent véritablement une volonté de décortiquer, d’étudier, de dénoncer les errances politiques et sociales de ces derniers mois. De Jean-Luc Mélenchon qui en prend pour son grade (!) jusqu’aux bébés pandas et Brigitte Macron, Michel Onfray fait passer de nombreux faits d’actualité sous ses fourches caudines. On adhère ou pas, on assimile ou pas, mais toujours est-il que l’auteur fait le pari d’avis tranchés, assumés, généralement défendus.
Allégé d’une image médiatique peut-être moins pesante qu’auparavant, Michel Onfray semble dépoussiérer le portrait de l’intellectuel à la française, une représentation que l’on pensait enterrée depuis des lustres. Auteur d’une œuvre impressionnante, présent chaque année en librairie avec des écrits divers et variés, Michel Onfray réfléchit, regarde, analyse, tranche. Et à l’heure d’une pensée sociale et politique qui n’a jamais paru aussi lisse, ou du moins dominée par les courants autorisés, Onfray offre une porte de sortie en s’écartant de tout intellectualisme dispensable. C’est une pensée au service de notre temps, c’est un homme affranchi des jugements hâtifs qui s’expriment. A découvrir, au moins pour savoir pourquoi on l’abhorre, ou l'apprécie vivement.
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JACQUES MARIE (lundi, 18 juin 2018 23:29)
Une lecture instructive et récréative. Celui qui s'y engage a bien du mal à l'interrompre.