C’est un livre qui en a sous le capot, comme on pourrait dire : derrière une couverture et un bandeau sympathiques et qui ne laisseraient pas présager cela, François Beaune relate dans Omar et Greg l’existence de deux hommes qui tout semble opposer mais qui se retrouvent bientôt dans les rangs du Front National. Un essai à retrouver chez Le Nouvel Attila, un essai indispensable. En tous points.
Quatrième de couverture :
Omar et Greg sont deux enfants de la ZUP. Le premier, né à Orgeval, un quartier de Reims, est chausseur de skins, avant de s’impliquer dans l’anti-racisme, puis d’entrer en religion. Le second grandit à Vaulx-en-Velin, trouve à 15 ans sa famille de substitution dans un parti nationaliste, et finir par en devenir salarié.
C’est à Marseille qu’ils se croisent. Deux types inconciliables en apparence. Deux idéalistes cabossés, deux redresseurs de torts jamais vainqueurs, jamais vaincus. Entre eux naît une amitié hors nome. Et une alliance politique pour le moins inédite. Avec, au cœur de leur projet, une obsession : qu’est-ce qu’être français ?
Un jour, ils rencontrent l’écrivain François Beaune. Lui, écoute les gens, se met à leur place, restitue leurs voix, au plus près de ce qu’elles peuvent dire du monde. Omar et Greg est l’histoire vraie de deux citoyens engagés et enragés qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français.
# L’avis de Lettres it be
François Beaune est un passeur d’histoires, au sens du terme. Amoureux de ces petites gens, de ces petits destins qui font les grandes histoires, le natif de Clermont-Ferrand revient avec Omar et Greg sur le parcours de deux individus qui racontent à l’aide de la plume de leur confident d’un livre la route qui mène de l’immigration algérienne et tunisienne aux arcanes d’un parti d’extrême-droite. Dans un style simple, concret et formel, sous la forme d’un échange on ne peut plus classique, l’auteur propose de suivre la discussion entre deux hommes, l’évolution de deux concitoyens qui ne font le jeu de rien d’autre que de la Démocratie. Les jeux de langage très médiatiques sont bien loin, les pudeurs de gazelle encore plus. Deux Français d’ici et d’ailleurs parlent, échangent, discutent. Simple, basique.
Transcription de destins liés, Omar et Greg est un document plus que jamais nécessaire. Avec un recul qui ne fait jamais transparaître dans son texte la moindre once de subjectivité, François Beaune retrace les existences de deux personnages que tout pourrait opposer et qui trouve comme terrain d’entente un parti politique qui n’a peut-être jamais paru aussi peu comme les autres. Comme si le « Pays des Lumières » n’avait jamais trouvé ce surnom aussi lourd à porter, à assumer, à perpétuer. Dans la France de 2018, plusieurs millions d’hommes et de femmes se retrouvent dans la ligne politique et prêtent la joue aux rodomontades et qualificatifs peu flatteurs de « racistes », « fachos » et autres. Et François Beaune de rappeler que derrière un idéal politique se cache des existences, des expériences, des moments de vie, de désaccord et d’avancée dans la vie. Des convictions qui valent toutes les autres. Omar et Greg est assurément à mettre entre toutes les mains, celles des convaincus et des réfractaires. Parce que la tolérance ne s’arrête pas à une couleur politique, parce que les valeurs républicaines françaises s’accomplissent aussi et surtout dans le débat et le désaccord. Et François Beaune de nous offrir un rappel indispensable. Pour longtemps.
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