Après son précédent roman Une vie sans fin sorti en janvier 2018 chez Grasset sans obtenir un succès d’ampleur, Frédéric Beigbeder envahit une seconde fois les librairies cette année avec La frivolité est une affaire sérieuse publié aux Editions de l’Observatoire. Une nouvelle compilation de chroniques du touche-à-tout né à Neuilly-sur-Seine. Qu’est-ce que ça donne ? Lettres it be vous dit tout dans cet article !
Quatrième de couverture :
Frédéric Beigbeder n’a cessé de tourner en dérision le monde auquel il appartient. Aujourd’hui, la frivolité devient une forme de militantisme.
De la « Fashion Week » à la finale de la Coupe du monde de football, du Festival de Cannes à une attaque à main armée au bar du Ritz, de l’enterrement de Jean d’Ormesson à une visite à Charlie Hebdo : cela fait trente ans que Beigbeder est sur tous les fronts. Et sur tous les sujets, des plus frivoles aux plus graves, il garde le même ton, unique mélange de sarcasme et de tendresse, d’humour noir et de nuits blanches. Ces 99 essais le révèlent au sommet de son art.
Dans ces textes, rien n’est vain car tout est lesté d’une discrète gravité : de toutes ses dérives, l’auteur a fait une philosophie. Pourquoi 99 ? Parce que ce chiffre lui a porté chance autrefois. On y voit le monde s’écrouler et au milieu, un type qui ne pense qu’à s’en amuser. Ce qui, quand on n’a pas d’autre choix, reste la plus profonde chose à faire.
# L’avis de Lettres it be :
Les soirées des grands événements de ce monde, l’impact du 11 septembre sur la littérature mondiale, les amis de longue date, les souvenirs de courte mémoire… La frivolité est une affaire sérieuse est l’occasion de percer les secrets de polichinelle du personnage construit au fil des années par Frédéric Beigbeder. Aucune grande révélation n’est à attendre, sinon le plaisir d’espérer retrouver la plume de l’auteur de 99 Francs au travers de ces chroniques collectées sur de nombreuses années. Un plaisir garanti ?
Pas de temps à perdre dans cet article : Frédéric Beigbeder fait du Frédéric Beigbeder. Ce que l’on goûtait avec délectation entre 1990 et 2007 au travers des romans de Beigbeder, ce mélange d’acidité lubrique et de froideur snobinarde servi par une plume incisive à chaque ligne, ce mélange-là semble ne devenir plus que l’ombre de lui-même. Pis, une vilaine parodie que l’auteur resservait récemment dans Une vie sans fin comme si la voie maturée du changement de ton et de style lui était ouverte mais que le franchissement de ce pas semblait encore impossible. La frivolité est une affaire sérieuse ne peut souffrir de ce mal, dans la mesure où l’ouvrage compile des chroniques de Frédéric Beigbeder classées par ordre d’écriture (« Avant 2015 » - « Pendant 2015 » - « Après 2015 ». Et pourtant, le bât blesse déjà, se fait grandissant, de plus en plus présent. On peine à se passionner encore et encore pour ce côté « Enfant maudit et blasé qui en a marre de roter ses bulles de Veuve Clicquot ». On sent la plume évoluer, chronique après chronique, année après année.
Et le calice est définitivement avalé quand les tournures de phrase se font rageuses, jusqu’à la perte définitive de sens. Les chroniques de Frédéric Beigbeder sur les différents attentats commis sur le sol français sont véritablement maladroites, instables.
Dans sa recherche de la sensation et du bon mot, l’auteur et réalisateur semble se perdre, pour de bon. On découvre donc un point de perception des attentats pour Beigbeder, autour de ces « meurtres de trisomiques à kalachnikovs […] » page 245, puis de cette « bande de mongols » quatre pages plus tard… Un second degré manque ? Une chronique bâclée ? Même si ce nouveau livre signé Beigbeder reste à découvrir, force est de constater que le piment des premiers romans s’estompe. Frédéric Beigbeder écume désormais les plateaux TV et autres médias pour vanter les bienfaits de son envie d’ailleurs, loin des tumultes de la Ville. On croise les doigts pour retrouver dans les années à venir le plaisir passé avec cet auteur assurément lancé dans sa recherche du temps perdu…
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