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Les gilets jaunes : la nouvelle machine à cash de l’édition ?

Les gilets jaunes : la nouvelle machine à cash de l’édition ?
Les gilets jaunes : la nouvelle machine à cash de l’édition ?

Depuis le mois d’octobre 2018, le mouvement des gilets jaunes fait parler de lui en France et bouscule le gouvernement d’Emmanuel Macron. Seulement quelques mois plus tard, des livres sont déjà annoncés pour disséquer le phénomène… Vous avez dit opportunisme ? Le billet du jour Lettres it be, c’est par ici.

 

 

Vous avez dit opportunisme ?

 

 

 

8 livres. C’est le total d’ores et déjà annoncé dans le monde de l’édition française au sujet des ouvrages à paraître dès le mois d’avril, ouvrages qui auront pour thème principale celui des gilets jaunes. Une réactivité vantée en interne mais qui pose tout de même de nombreuses questions. Quel recul peut-on avoir sur un mouvement encore en cours et qui ne cesse d’évoluer, événement après événement ? Quelles capacités de réflexion peut-on mettre en œuvre alors que les maisons d’édition semblent pousser de toute part pour avoir du nouveau contenu à refourguer ? Tout semble aller bien trop vite pour être honnête.

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Une colère française : ce qui a rendu possible les gilets jaunes de Denis Maillard aux Editions de l’Observatoire (sortie le 20 mars), L’histoire des gilets jaunes aux éditions de l’Aube (4 avril), Le fond de l’air est jaune signé par un collectif d’auteurs dont le prix Nobel d’économie Thomas Piketty à découvrir au Seuil dès le 24 janvier… Outre les titres à l’emporte-pièce (espérons que les réflexions ne le soient pas trop), cette précipitation témoigne d’une chose, fort regrettable : le marché de l’édition n’a peut-être jamais aussi bien porté son nom et l’accélération du rythme d’écriture et de publication montre l’aspect mercantile qui dirige aujourd’hui. Les librairies ne sont-elles plus que ce triste reflet d’une actualité galopante, traitée à la va-vite, façon BFM TV du lecteur ? Mais attendez, là n’est pas (encore) le pire…

 

 

 

Edwy Plenel himself sera à retrouver en librairie dès le 7 mars avec La victoire des vaincus : à propos des gilets jaunes publié aux éditions de la Découverte. Englué dans une histoire de perquisition illégale/anormale/incompréhensible/scandaleuse/antidémocratique, le fondateur de Mediapart se joint à la mêlée de ces Usain Bolt de l’écriture. Et pourtant, les pages de son journal lui étaient grandes ouvertes… Mais non : l’attrait des librairies (et du portefeuille ?) était trop fort et un tirage de 20 000 exemplaires est d’ores et déjà prévu... CQFD.


La parole est… à l’attaque

 

 

L’initiative aurait pu être louable. Après tout, il ne faut pas tout le temps cracher dans la soupe, même encore chaude. Les maisons d’édition auraient eu beau jeu d’ouvrir leur catalogue aux « vrais » gilets jaunes, à ceux qui occupent les ronds-points depuis la première heure, à ceux qui ont vraiment quelque chose à dire. Mais non, les 8 livres à paraître sont (pour l’instant) le fruit d’analystes, de penseurs, d’observateurs extérieurs. Soit ceux qui n’ont rien vu venir (pour la plupart) et qui viennent désormais expliquer ce qu’ils voient. Tout le monde veut prendre la place de Christophe Guilluy, prophète du gilet jaune, réhabilité dans tous les médias depuis le début du mouvement. A peine eut-il le temps d’essuyer tous les crachats dont il fit l’objet ces dernières années, lui le « réactionnaire » qui « parlait de cette France périphérique qui vote Le Pen et pue le Ricard », à peine eut-il ce temps que désormais ses remplaçants se pressent au portillon. Qui touchera le jackpot ?

 





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