Après Délivrez-vous !, brillant essai sur la numérisation du livre, Paul Vacca revient dans un tout autre registre. Michel Houellebecq, phénomène littéraire, c’est le titre de ce nouvel essai publié chez Robert Laffont, dans la collection Nouvelles Mythologies. On vous livre notre critique tout de suite !
# La quatrième de couverture
Comment Michel Houellebecq a-t-il réinventé, à l’ère du tout-médiatique, la figure mythique de l’Écrivain ?
Michel Houellebecq occupe une place unique dans le paysage littéraire. Auteur controversé de best-sellers dont chacun déclenche un tsunami de polémiques, il est pourtant traduit dans le monde entier, étudié à l’université et consacré par des prix prestigieux. Comment expliquer ce paradoxe ? La mythologie houellebecquienne se nourrit de trois récits : celui du génie littéraire et de l’oracle inquiet de notre temps ; celui du grand écrivain possédant sa propre épithète, à l’instar d’un Balzac ; celui de l’imposteur, du littérateur sans style alimentant sa notoriété à coups de provocations. Au sein de cet espace singulier, miroir de nos contradictions, Michel Houellebecq se déplace en acrobate fascinant.
# L’avis de Lettres it be
C’est désormais une plume que l’on aime retrouver. Paul Vacca est de retour en librairie avec Michel Houellebecq, phénomène littéraire. Tout un ouvrage consacré à l’auteur réunionnais (oui, oui !) dont le dernier fait d’armes remonte à janvier 2019 et la parution de Sérotonine. Et si Houellebecq ressuscitait la figure de l’Écrivain français, celui avec une majuscule, et tant de contours ? 160 pages (ou presque) pour réfléchir à cela.
Très vite dans son essai, Paul Vacca évoque la « société liquide », ce concept forgé par Zygmunt Bauman. En résumé, ce concept tend à montrer que nos cadres référentiels, nos grilles de lecture du monde sont aujourd’hui dissoutes dans une modernité liquide, insaisissable dans le creux de la main. Houellebecq, c’est peut-être cela. En tout cas, au fil des pages de Michel Houellebecq, phénomène littéraire, c’est ce que l’on a envie de croire. Michel Houellebecq, ce serait cet auteur que chaque lecteur veut faire entrer de gré ou de force dans sa grille de lecture. Ce serait cet auteur à qui l’on veut prêter des talents divinatoires, quoi qu’il dise ou ne dise pas dans ses romans. Ce serait cet auteur dont chacun interprète les sorties médiatiques, vantant tantôt leur rareté, tantôt leur omniprésence à chaque sortie. Boule à facettes de la littérature française, Michel Houellebecq renvoie à chacun le reflet qu’il veut bien voir. Et nous, de continuer à le voir tourner…
C’est peut-être ça la force des grands essais littéraires : on n’arrête aucune pensée, on s’absorbe aucun parti-pris pressé. Mais, au moins, on repart avec l’agréable sensation d’avoir pensé. Ce pourrait être un résumé de ce nouvel essai signé Paul Vacca. Malin, érudit, concis, Michel Houellebecq, phénomène littéraire se lit avec un plaisir qui se renouvèle à chaque page, que l’on s’assume comme amateur de Houellebecq ou pas.
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