"Potlatch" de Danide et Marcos Prior

Potlatch est le dernier album de Danide et Marcos Prior publié aux Editions ça et là
Potlatch est le dernier album de Danide et Marcos Prior publié aux Editions ça et là

C’est un titre bien original qui vient de paraître du côté des Editions çà et là. Potlatch de Marcos Prior et Danide, c’est l’histoire de Maximo Pérez, un détective privé barcelonais atteint d’un mal peu connu et pourtant bel et bien existant, un dérivé rare de l’hypermnésie : l’hyperthymésie. Vous ne savez pas de quoi il s’agit exactement ? Vous vous demandez comment faire une bonne BD avec un tel sujet ? Lettres it be répond à (presque) toutes vos questions dans les lignes qui suivent.


# La bande-annonce

 

Maximo Pérez, un jeune barcelonais, souffre d’hyperthymésie, forme très rare d’hypermnésie. Il se souvient de tous les événements qui ont ponctué sa vie, sans en oublier aucun détail et se remémore en permanence ces souvenirs, à son corps défendant... À l’occasion d’un traquenard organisé par un ancien ami, Maximo rencontre une jeune femme, Claudia, dont il tombe sous le charme. Maximo, qui travaille dans une agence de détectives privés, demande alors à l’un de ses collègues d’espionner Claudia afin de mieux la séduire. Il parvient à ses fins et au cours d’un repas, lui qui vit entouré de souvenirs et de collections en tous genres, est marqué par une déclaration de Claudia : "les choses que tu possèdes finissent par te posséder"...

 

 

À l’image du cerveau de Maximo, le récit multiplie les va-et-vient entre différentes périodes, sollicitant la sagacité du lecteur qui devra lui-même reconstruire l’intrigue dans l’ordre chronologique. Un ouvrage réalisé à quatre mains, où la bande dessinée devient un véritable jeu narratif et visuel.

 

 

# L'avis de Lettres it be

 

«  […] la personne souffrant d'hyperthymésie se plaint de ne pouvoir oublier ses souvenirs. » Ce morceau de phrase volé du côté de chez Wikipédia suffit à prendre la mesure de l’intrigue de cette bande dessinée surprenante à bien des égards. Les deux hommes, Danide au dessin (Daniel Deamo de son véritable sobriquet) et Marcos Prior au scénario se sont donc amusés à s’immiscer dans le quotidien d’une personne qui, véritablement, se rappelle de tout, partout et tout le temps. Une personne qui se rappelle de trop, pourrait-on dire.

 

Danide et Marcos Prior
Danide et Marcos Prior

L’intrigue n’a rien d’extraordinaire, en vérité : notre homme, Maximo Pérez Gil, est terriblement amoureux. Tellement qu’il s’engage en tant que détective privé pour suivre les moindres faits et gestes de sa dulcinée. Sauf que tout cela serait parfaitement normal (ou pas), si notre « Max » n’était pas hypermnésique au possible. Une intrigue qui avance donc paisiblement jusqu’à la fin tant attendue quoique connue dès la ligne de départ : ce potlatch de la part de notre héros.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le potlatch (chinook : donner) est un comportement culturel, souvent sous forme de cérémonie plus ou moins formelle, basé sur le don. Plus précisément, c'est un système de dons / contre-dons dans le cadre de partages symboliques. L'essence du geste étant non marchand par essence, il n'est pas convenable de l'appeler échange.

 

Le dessin plutôt lissé aux tons chauds reste assez quelconque. Mais de petites trouvailles visuelles et scénaristiques viennent largement égayer la lecture : ces logos de différentes marques qui se posent un peu partout, ces cases pleines de didascalies en tous genres pour venir compléter le récit et ce qui est présenté, cette chronologie complexe mais qui ne manque pas d’intérêt, les différentes alternances entre les personnages, les changements brusques de couleurs, ces documents qui s’intègrent ni vu ni connu au beau milieu des pages etc. Tout cela donne à l’ouvrage un ton léger et qui fait entrer le lecteur dans sa lecture du début jusqu’à la fin. Et quelle fin ... Pari réussi.

 

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