Alors que l’on commémore en France depuis plusieurs jours la date anniversaire de Mai 68, les librairies se remplissent d’ouvrages dédiés à cette période charnière de l’histoire sociale française contemporaine. C’est le cas de Sous les pavés, le nouvel album de bande dessinée réalisé à quatre mains par Warnauts et Raives et publié chez Le Lombard dans la collection Signé. Lettres it be a fait cette plongée au pied des barricades du Quartier Latin et vous en ramène quelques souvenirs.
# La bande-annonce
Mars 1968. Tandis que partout dans le monde, la jeunesse manifeste pour la liberté et contre la guerre, « Le Monde » titre: « Quand la France s'ennuie »... Mai 1968. Le Quartier latin s'embrase, mettant le feu à la France. Pris dans le tumulte de cette révolution de tous les possibles, cinq jeunes gens issus d'horizons divers voient leurs sentiments les plus profonds jaillir dans le magma de cette éruption mythique.
# L'avis de Lettres it be
Sous les pavés, c’est avant toute autre chose l’occasion de retrouver un duo incontournable de la BD francophone. Eric Warnauts et Guy Servais dit Raives, c’est plus d’une quarantaine d’ouvrages sur des thématiques diverses et variées, mais c’est surtout une méthode de travail qui surprend dans le domaine : Warnauts se charge des mots, Raives de la mise en couleurs, et tout le reste étant géré de manière commune. Une méthode qui porte ses fruits si l’on en croit le succès rencontré par les bandes dessinées de ces deux hommes qui reviennent donc aux affaires avec une plongée dans les moments chauds de Mai 68.
Paris, 3 mai 1968. La BD s’ouvre dans un luxueux bureau où un homme s’affaire : le ministre est à l’autre bout du fil, et la situation est grave. La Sorbonne a dû être fermée sine die, l’embrasement est proche. C’est avec cette planche que Sous les pavés démarre et nous amène à rencontrer, au fil du récit, cinq personnages qui vont refléter, chacun leur tour, toutes les spécificités de cette lutte sociale et étudiante. Libération sexuelle, drogues, lutte contre les oppressions sociales en tous genres, tout cela sur fond de guerre d’Algérie qui touche à sa fin… En 76 planches, les deux hommes parviennent à mêler toutes ces thématiques, inévitables, pour livrer un fil narratif qui, globalement, touche à son but. Une petite historiette, au centre de bien des choses, reste évitable mais permet de nourrir peut-être un peu plus le propos.
Avec un dessin épuré et qui attache une importance certaine à la diversité des tons, notamment sur les arrière-plans, Sous les pavés fait dans le classique sans trop l’être et le duo continue avec brio dans ce trait qu’on lui reconnaît depuis tant d’ouvrages. Concernant les dialogues et l’intrigue en général, difficile d’éviter quelques poncifs inévitablement liés à cette période de notre histoire récente. Mais là encore, tout cela confine au détail et l’album reste, de bout en bout, une agréable lecture pour découvrir toute une page de l’histoire socio-politique.
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