"1144 livres" de Jean Berthier : legs à lire

1144 livres est le premier roman de Jean Berthier publié chez Robert Laffont
1144 livres est le premier roman de Jean Berthier publié chez Robert Laffont

Rédacteur pour des revues littéraire, réalisateur de films de fiction (essentiellement en court-métrage) mais aussi de documentaires, Jean Berthier est un aventurier des Arts. Le tableau de chasse n’aurait pu être complet sans que notre homme se soit risqué à l’écriture romanesque. C’est désormais chose faite avec 1144 livres paru le 4 janvier dernier chez Robert Laffont. Lettres it be l’a lu et vous en dit un peu plus.

 

 

Et de ces petits bouts d’indice récoltés au coin des reliures, le narrateur de ce roman va pouvoir partir à la recherche de l’inconnue, où chaque livre devient une avancée supplémentaire vers sa quête finale.


 

# La bande-annonce

 

« Ma mère, comme dans un conte cruel pour enfants, s'était transformée en livres. »

 

Ainsi s'exprime le narrateur, né sous X, bibliothécaire de profession, qui voit sa vie bouleversée par la lettre d'un notaire. Il y apprend que sa mère biologique, dont il ignore absolument tout, vient de mourir et lui laisse un héritage singulier : 1 144 livres.

 

 

Que penser de ce geste ? Faut-il accepter l'héritage de quelqu'un qui vous a abandonné ? Qui était la femme cachée derrière ces ouvrages ? Seront-ils le chemin vers une mère retrouvée ? Cet événement confronte soudainement le narrateur à ses origines et à son amour des livres.

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

Aficionado du livre, Jean Berthier ne pouvait que se risquer à l’écriture. Avec 1144 livres, il fait partager cette passion à travers le destin d’un homme né sous X qui, dans un beau jour de sa vie plutôt banale mais heureuse, recevra d’un notaire l’avis de legs de plus de 30 cartons contenant, en tout et pour tout, 1144 livres. Le legs inattendu d’une mère et peut-être bien plus que cela … Et de ces petits bouts d’indice récoltés au coin des reliures, le narrateur de ce roman va pouvoir partir à la recherche de l’inconnue, où chaque livre devient une avancée supplémentaire vers sa quête finale.

 


Jean Berthier
Jean Berthier

 

Il en résulte un récit d’initiation où le lecteur vogue sur les flots d’une reconstruction de son être à qui il ne reste plus qu’à naviguer de livre en livre en quête de lui-même. On suit ce voyage avec plaisir, ce voyage où chaque livre devient un territoire inconnu à explorer pour en savoir autant sur l’œuvre elle-même que sur soi, sur ses proches, ici, sur sa propre mère. De cette chambre d’hôtel qui deviendra vite son donjon, le narrateur de ce livre découvre les titres avec autant d’appréhension : qu’est-ce que ce nouvel ouvrage a à m’apprendre sur lui et sur moi ? On croise Bernanos et La Joie, Fleming et ses aventures et bien d'autres oeuvres et auteurs, dans un insatiable déballage, ce qui donne au livre son passage le plus marquant. La littérature d’ici est d’ailleurs est étalée dans une chambre face à un homme, seul. Et si c’était l’histoire de chaque lecteur ?

 

"Comme on a peu lu quand on a beaucoup lu ! Arpenter la bibliothèque d'un autre, c'est traverser un pays dont on connaît la langue mais dont l'étrangeté grandit à mesure qu'on y pénètre."

 

 

Jean Berthier publie donc un premier roman construit avec beaucoup d’application, peut-être même un peu trop. L’idée de départ est plus qu’intéressante mais les tiroirs de l’intrigue peinent à s’ouvrir et le tout s’essoufflerait presque en fin de lecture. L’énième hommage rendu à ces « tigres de papier » est brillant, on ne s’en lassera jamais malgré les répétitions. Fort heureusement, le format plutôt raccourci de cet ouvrage ne laisse pas véritablement le temps de la lassitude. Une belle découverte qui laisse cependant le goût doux-amer d’une faim qui persiste encore un peu.

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