La quatrième de couverture suffit amplement à prendre la mesure de ce nouvel ouvrage de Christophe Bigot : « Longtemps, j’ai cru que j’avais été guillotiné dans une vie antérieure. » L’auteur aussi enseignant en classes préparatoires à Paris revient donc dans les librairies avec Autoportrait à la guillotine publié chez Stock. Une introspection profonde au rythme de la guillotine qui coupe à la chaîne dans les pages de notre Histoire. Lettres it be vous en dit un petit peu plus au sujet de ce livre.
# La bande-annonce
« Longtemps, j’ai cru que j’avais été guillotiné dans une vie antérieure. Cet aveu a toutes les allures d’une énormité, je sais. Tout ce que je puis dire à ma décharge est que ma croyance est révolue – quoiqu’elle fasse encore partie de moi. Il y a quinze ans, souffrant de problèmes de dos, j’ai consulté sur le conseil d’une amie un masseur versé en sophrologie. Tout en me pétrissant les lombaires, il m’a questionné sur mon passé. Avec une certaine réticence, j’ai évoqué cette croyance déjà ancienne. Lui a pris la chose très au sérieux. Aussi sec, il m’a parlé d’une patiente qui ressentait des douleurs aiguës entre les omoplates. Elles s’expliquaient, à l’en croire, par des coups de poignard reçus au xve siècle, alors que la dame était assaillie par des Ottomans en plein marché. J’ai trouvé ça exotique. Poétique, presque. En même temps, je me suis retenu de rire. Quand il est question de moi, hélas, je suis incapable de la même légèreté. » Comment guérir l’obsession d’une vie ? A la créativité instinctive de l’enfance répondent les armes de l’âge adulte : l’humour et la volonté de comprendre. Entre les deux, l’amour maternel, indéfectible.
# L’avis de Lettres it be
La Révolution est le noyau de l’œuvre de Christophe Bigot, voilà bien une certitude que l’on garde à l’esprit dès l’ouverture de cet Autoportrait à la guillotine. Après L’Hystéricon publié en 2010 chez Gallimard qui traitait déjà de ces petites histoires de la grande, après L’Archange et le Procureur en 2008 toujours chez Gallimard, un livre récompensé de nombreux prix et qui faisait alors de Camille Desmoulins la lanterne de toute une époque de Révolution, Christophe Bigot revient à la charge. Cette fois-ci, pas question de replonger dans les tiroirs de l’Histoire en quête de nouveaux éclairages croustillants à nous offrir sur la Révolution : le héros, c’est lui, l’époque, c’est aujourd’hui. Du moins on le pense.
Une enfance confortable, une adolescence non moins brillante et exaltée, une érudition qui naît dans le même terreau que de bien sombres passions pour l’échafaud, c’est en résumé la vie de Christophe Bigot. Tout cela nous est raconté dans ce livre, comme un énième regard dans le miroir d’un auteur qui ne parvient jamais à y saisir la même chose. C’est ici une psychanalyse couchée sur papier, c’est ici la rencontre de Freud et d’un sans-culotte. Mais alors que l’on pourrait se morfondre sur une existence qui ne brille que par ses craintes passées, Christophe Bigot a le chic de garder son lecteur en haleine avec des digressions dont lui seul a le secret. Un bien beau tour de force.
Visiblement, la révolution de Christophe Bigot n’est pas terminée et cet Autoportrait à la guillotine est la parfaite occasion de s’en convaincre. On se laisse aller à ces vagabondages de l’âme, toujours autour de ces pages d’Histoire qui focalisent toute l’attention d’un auteur qui aime à s’enliser encore et encore autour de la Bastille, de Desmoulins et consorts. On y goûte, on s’y réjouit mais on commence à attendre de nouvelles choses. Affaire à suivre, alors.
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