Nouvelle entrée au catalogue des éditions Aux Forges de Vulcain avec La nuit je vole, le nouveau roman de l’auteure dijonnaise Michèle Astrud. Après Nous entrerons dans la lumière publié au même endroit en 2016, la romancière propose un retour romanesque sous forme d’envolée, sur le fond comme sur la forme. Lettres it be vous livre sa critique juste ici !
# La bande-annonce
Michèle se réveille au sommet d’une montagne. Elle est atteinte d’une forme rare de somnambulisme ; quand elle dort, elle s’envole.
Son talent ne passe pas inaperçu et tout le monde veut l’approcher. D’où vient ce don ? Pourquoi apparaît-il là, brusquement va-t-il rester ? Va-t-elle parvenir à le contrôler ?
Comme les plus beaux romans de réalisme magique, qui examinent les conséquences naturelles de faits surnaturels, ce conte part d’un postulat fantastique pour parler du poids de la famille, de la folie médiatique et de ce désir intime d’être libre et de voler loin de ces contraintes.
# L'avis de Lettres it be
C’est un conte, ou du moins cela ressemble au début d’un conte. Une femme comme on en croise des dizaines chaque jour se surprend au réveil à un endroit plus qu’inhabituel. Et de l’anormal va naître un récit bien ancré dans notre monde, notre époque, notre dimension. Très vite, Michèle Astrud pose comme postulat de son nouveau roman ce délicieux basculement entre paranormal et normal. Un pied d’un côté, l’autre pied ailleurs. Et le récit de se tisser et d’avancer, avec toujours en ligne de mire cette mesure plus que réussie.
Le poids de la famille et du passé, la gestion d’une célébrité naissante bien poussée par des médias en quête de la sensation à vendre… Dans La nuit je vole, on pourrait se surprendre à croiser la trame d’un roman somme toute classique. Et pourtant, on goûte avec délectation cette saveur particulière qui s’installe page après page, nous rappelant que tout ce qui peut bien se tramer ici prend sa source dans le fait que cette femme soit atteinte d’un somnambulisme comme il ne peut en exister que dans ce roman. De la banalité de l’anormal.
Prise dans le vent, naturel, et dans la tourmente, médiatique, Michèle l’héroïne (éponyme ?) de ce roman se débat, se démène contre les courants de natures diverses. Assurément, il y a du Kafka, du Ionesco dans ce neuvième roman de l’auteure dijonnaise aujourd’hui basée en terres bretonnes du côté de Rennes. On retrouve dans La nuit je vole toute l’apesanteur de ces vies qui basculent dans un monde si loin et si proche. Et les réflexions (nombreuses) qui vont de pair. La métaphore est filée tout au long d’un récit envoûtant, qui ne séduit pas par son rythme ou par des qualités couramment attendues mais plutôt par une idée générale séduisante, captivante. L’envol, la perte momentanée des « pieds sur terre »… Nous aussi, on a bien volé !
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