En lice pour le Goncourt 2018 et pour pléthore d’autres prix littéraires, Le malheur du bas d’Inès Bayard publié chez Albin Michel s’annonce d’ores et déjà comme le livre de cette rentrée littéraire 2018. La sombre histoire d’une femme violée, soumise au silence. Un succès plus que mérité ? Lettres it be vous dit tout dans les lignes qui suivent.
# La bande-annonce
« Au cœur de la nuit, face au mur qu’elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »
Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.
# L'avis de Lettres it be
Des nominations « en veux-tu, en voilà » même parmi les plus grands prix hexagonaux, un succès médiatique permanent depuis la parution du livre… Pour son premier roman, Inès Bayard ne manque pas de retenir toute l’attention des lecteurs du pays. Et pour cause : son livre a déjà tout d’un grand…
On craignait un roman sur la condition bafouée de la Femme moderne, on craignait un livre débordant d’opportunisme et qui plus est porté par la volonté d’amener le lecteur vers le terrain du « dégueulasse » verbal, trop puant pour être véridique. Il n’en est rien, absolument rien. Dans un livre qui ne s’alanguit jamais, Inès Bayard parvient à éviter tous les écueils envisagés, avec brio, toujours. La langue est brillante, radicale et forte, et n’épargne jamais de nous jeter la factualité en pleine gueule. Le présent utilisé dans la narration confère au livre un rythme tout particulier, simple donc brutal, simple donc touchant. Et que dire de la parade trouvée par Inès Bayard pour ne jamais pouvoir être soumise à la critique d’un féminisme de l’opportunisme ? Ne rangeant jamais les Femmes contre les Hommes dans des cases aussi factices que bien trop soutenues à droite et à gaucher par les publicitaires/« défenseur.e.s » du sexisme, Inès Bayard reste sur la corde raide de nos vies, où tous les Hommes sont des salauds en puissance, et les femmes des salaudes. Ni tout blanc, ni tout noir. Jamais.
Quoi qu’il arrive, Le malheur du bas mérite le titre de roman de cette rentrée littéraire. Inévitablement, les liens avec le Chanson douce de Leïla Slimani sont vite tissés, et aussitôt défaits à mesure que l’on avance dans le livre, tant Inès Bayard pourrait bien prendre les devants du talent. Bien dans l’ère du temps sans jamais frôler la moindre once d’opportunisme, violent et direct sans jamais toucher au sentimentalisme bidon, engagé et radical sans jamais solidifier encore et encore la dichotomie moisie façon Caroline de Haas entre Hommes et Femmes… Un roman qui dépasse son cadre d’exercice et qui fait, par la même occasion, d’Inès Bayard (déjà) une grande auteure.
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