Retracer le cheminement d’une famille iranienne à travers chacun de ses membres et au fil des époques et des endroits, c’est ce à quoi invite Shida Bazyar dans son tout premier livre, Les nuits sont calmes à Téhéran paru chez Slatkine et Cie. Un premier livre pour une jeune auteure d’origine iranienne née en 1988 en Allemagne. Lettres it be est allé voir si les nuits étaient vraiment si calmes que ça du côté de Téhéran et vous en dit un peu plus.
# La bande-annonce
Le roman commence en 1979, à Téhéran à la chute du Shah. Il se termine en Allemagne, 30 ans plus tard où une famille s’est exilée.
Les Nuits sont calmes à Téhéran retrace l’histoire de quatre générations de femmes ballottées entre la persécution, la guerre Iran-Irak et les brûlures de l’exil.
Sans pathos, mais avec beaucoup de finesse et d’empathie, Bazyar dépeint des histoires de vie exemplaires, et signe un roman qui interroge sur les défis actuels de l’intégration.
# L'avis de Lettres it be
Marx et la poupée, le roman à succès de Maryam Madjidi paru l’année dernière, Désorientale de Negar Djavadi ou encore Les enfants du Jacaranda de Sahar Delijani … Force est de constater que la littérature traitant de l’histoire contemporaine iranienne ne manque pas. Une littérature qui s’efforce de tirer les fils d’une histoire conflictuelle, complexe, mêlant bon nombre de dimensions différentes, entre géopolitique, guerres et aspect social indéniable. Shyda Bazyar vient ajouter sa pierre à cet édifice avec Les nuits sont calmes à Téhéran, un ouvrage qui a déjà reçu un franc succès outre-Rhin : 30 000 exemplaires vendus environ et le Prix Uwe-Johnson du premier roman. En sera-t-il de même dans l’Hexagone ?
C’est dans une langue qui peut rebuter par moment que Shida Bazyar retrace le fil de son histoire, ou plutôt de celle d’une famille que l’on pense sérieusement être la sienne. Difficile en effet de ne pas croiser l’histoire du roman et l’histoire de celle qui l’écrit. Shida Bazyar, elle-même d’origine iranienne, raconte les pérégrinations des membres d’une famille tout entière bousculée entre la guerre Iran-Irak et les mirages de l’exil forcé. Chaque personnage incarne une facette de ces conflits intérieurs et extérieurs : les jeunes tournés vers l’exil et l’ailleurs en quête de liberté, les autres jeunes qui se sont tournés vers la religion pour atteindre une spiritualité longtemps oubliée, des anciens qui regrettent que leur parole ne trouve plus le même écho que par le passé … Shida Bazyar dépeint des caractères finalement classiques mais qui trouvent une place plutôt intéressante globalement dans ce roman.
Pour revenir à la langue, il est vrai que ce roman ne brille pas forcément par une plume aiguisée et lumineuse. Bazyar opte pour une simplicité continue, pour un vocabulaire simple et qui ne s’adapte que trop rarement aux personnages. Pas de grandes envolées donc, un point fort pour certains lecteurs, de quoi nourrir des regrets pour d’autres.
C’est un premier roman qui évoque aussi bien la (trop grande) légèreté de La tresse de Laetitia Colombani que le sens de la famille à travers les âges et les endroits façon L’Art de perdre d’ Alice Zeniter. Un premier roman qui se place donc sur cette voie sans rougir, qui prend souvent le meilleur de ces références et en garde tout de même quelques aspérités. Toujours est-il que Shida Bazyar fait une entrée remarquée sur la scène littéraire allemande avec Les nuits sont calmes à Téhéran, un premier essai qui devrait vite amener vers de bien belles choses à l’avenir.
Écrire commentaire