"Ma grande" de Claire Castillon : femmes, je vous hais

Ma grande est un roman de Claire Castillon publié aux éditions Gallimard
Ma grande est un roman de Claire Castillon publié aux éditions Gallimard

Alors que son dernier roman Marche blanche sortira à la rentrée littéraire de janvier 2020, Lettres it be s’est penché sur Ma grande, le précédent livre de Claire Castillon. Il y est question de la violence dans le couple, cette fois traitée sous un angle peu habituel… Lettres it be vous en dit plus !


# La bande-annonce

 

"La vérité, c'est : je t'ai tuée et c'est tout. J'ai sans doute pas raison. Je regrette rien, et c'est mal."

 

 

Ils se sont rencontrés à la piscine. Ils se sont aimés pas longtemps. Ils se sont acheté une maison. Il n'a jamais cessé de subir et malgré tout un enfant est né. Il n'était pas vraiment un homme battu : pas de bleus, rien de visible. Et pourtant des coups il y en a eu. Alors on se demande pourquoi il est resté.

 

 

# L’avis de Lettres it be

 

Des romans, des recueils de nouvelles, des ouvrages pour la jeunesse… Claire Castillon, année après année, a délicatement posé sa patte et imposé sa présence dans les rayonnages de nos librairies. En avril 2018, elle faisait paraître Ma grande aux éditions Gallimard. Un texte récemment sorti en format poche. Et c’est ainsi que nous avons découvert ce petit bijou…

 


Claire Castillon
Claire Castillon

Tout commence avec une froide déception, une colère ravalée, des retenues qui s’accumulent. Tout cela, c’est le lot du narrateur de Ma grande, narrateur sans nom, homme déçu, attaché coûte que coûte à une femme, sans nom également. Une rencontre à la piscine, des rapprochements, des promesses. L’histoire classique d’un couple qui se jure d’affronter ensemble les tourments du temps. Tapie dans l’ombre, violence et colère attendent leur moment. Une violence sale, d’abord mentale, peut-être physique ensuite. Mais ces déchirements, toute cette haine naissante dans la cellule du couple ne prendra pas la figure attendue. C’est Madame qui est au cœur de tout ça.

 

 

C’était un contre-pied audacieux à prendre : montrer les pertes et les fracas d’un couple exposé à la violence de l’une de ses parties, à savoir sa partie la plus féminine. Femme battue, atroce problème, quid de l’homme ? Dans un monde sans nuances, Ma grande vient remettre l’église au centre du village et inviter à la réflexion : comment penser le couple, pour de vrai, hors de Twitter et des pensées déjà mâchées ?

 

 

 

Toute la complexité du couple, la juste répartition des tourments quoi qu’en pense l’actuelle guerre des sexes qui voudrait laisser penser le contraire… Dans Ma grande, Claire Castillon donne à sentir tout cela, et bien plus encore. Le tout servi par une langue brute, volontairement très orale. Le malaise est présent, chaque pas vers l’acte ultime est lourd, pesant. Ce mari bafoué, cette petite fille qui navigue à vue dans cet incompréhensible monde des adultes, cette femme inapte au devenir commun… Quand la fatalité se présente, on questionne son ressenti, inévitablement. Et s’il était possible de comprendre le pire ?

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