Un passage sur le plateau d’On n’est pas couché, une saillie sans fond (comme à l’accoutumée ?) de Yann Moix à son encontre, une auteure visiblement touchée par des propos fallacieux à l’encontre de son nouveau bébé littéraire … La découverte de Saphia Azzeddine ne s’est pas faite sous les meilleurs auspices. Autant de raisons de découvrir son dernier ouvrage Sa mère paru chez Stock dans le cadre de cette rentrée littéraire 2017. Lettres it be vous en dit plus !
# La bande-annonce
Marie-Adélaïde, née sous X, a la rage au ventre ; elle a un destin, mais ne sait pas encore lequel. Pas celui de caissière à La Miche Dorée. Pas non plus celui de ses rares copines, certaines connues en prison, d’autres camarades de galère et d’errance. Serait-ce celui de nounou des enfants impeccables de la Sublime ? Ou celui de retrouver sa mère coûte que coûte ? Son destin, elle va le chercher avec les moyens dont elle dispose : le culot, la parole qui frappe, l’humour cinglant, l’insoumission à son milieu, la révolte contre toutes les conventions. C’est une héroïne de notre temps.
# L’avis de Lettres it be
D’abord rédactrice en 2002 pour un magazine suisse, Saphia Azzeddine se tourne vers le roman en 2008 avec Confidences à Allah puis Mon père est femme de ménage en 2009. Le grand écran que Saphia Azzeddine habitera en tant qu’actrice le temps du film L’Italien d’Olivier Baroux en 2010 puis en tant que scénariste et réalisatrice en 2011 avec l’adaptation de son propre ouvrage, Mon père est femme de ménage. C’est donc armée de ses différentes expériences que Saphia Azzeddine signe son dernier roman, Sa mère chez Stock.
Marie-Adélaïde est le personnage au cœur de ce roman. Un personnage torturé, brut, à qui la vie n’a jamais accordé grand-chose. Les pages se succèdent en s’habillant des différentes péripéties de celle née sous X, ayant fait un passage en prison et désormais nounou dans une « belle » famille. Le roman se laisse lire très agréablement, certains passages en rappelant d’autres (la garde des enfants qui fait penser à la Chanson douce de Leïla Slimani, ou encore ce passage en prison qui a tout d’une scène de la série Orange is the new Black). Cependant, la grande force de ce roman n’est pas ici …
L’écriture. Quelle écriture ! Saphia Azzeddine a cette inénarrable qualité d’oraliser l’écriture, de faire écouter plus que lire. N’en déplaise à Yann Moix (encore lui) qui reprochait la tendance du roman français à l’utilisation du vocabulaire des gens, des vrais gens, Saphia Azzeddine prouve, si cela était nécessaire, que les plus belles plumes sont celles qui offrent une musicalité à la lecture et que cette petite musique s’acquière difficilement avec une plume frigide. Marie-Adélaïde parle, raconte, vibre, frappe grâce à une plume alerte qui saisit de la première page à la dernière. On en oublierait le fil narratif du roman qui, finalement, ne contient rien de très exceptionnel, mais le devient pourtant vite à l’aide de ce style saisissant.
Ce fut une véritable découverte pour Lettres it be que cette douce Saphia Azzeddine. Un roman brutal, frontal, actuel bâti par une plume qui brille par ses aspérités et ses raideurs. Si le doute s’empare de vous avant l’achat de ce livre, rendez-vous simplement à la page 13. Une page qui traite du racisme avec un franc-parler qui fait du bien à cette époque de la timidité faite reine. Bluffant !
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