Lire un livre avec plusieurs sens. Au sens figuré, tout le monde ou presque a déjà vécu cela. Mais lire un livre avec plusieurs sens mais au sens propre, ça donne une lecture complètement bouleversée et terriblement originale. C’est l’expérience proposée par Violaine Bérot avec Tombée des nues, son tout dernier roman paru du côté de chez Buchet-Chastel. Lettres it be l’a lu, au moins deux fois, et vous en dit un peu plus.
# La bande-annonce
Baptiste et Marion vivent ensemble et sont heureux. Ils ont repris une ferme, à la lisière d'un village un peu paumé et élèvent des bêtes.Une nuit, Marion est prise de douleurs foudroyantes et accouche, à son plus grand étonnement, d'une petite fille. Le roman, qui fait entendre les voix des différents personnages, raconte ces quelques journées sidérantes.
# L’avis de Lettres it be
Que ce soit dans Léo et Lola déjà en 1996 pour son second roman ou encore plus récemment dans Nue, sous la lune paru début 2017 toujours chez Buchet-Chastel et dans Des mots jamais dits paru en août 2015, Violaine Bérot se fait l’auteure des femmes, de la Femme. Dans diverses situations, sous divers angles, l’auteure née dans les Hautes-Pyrénées accorde tout son intérêt et celui de sa plume à dépeindre cette Femme en société, dans les travers et les réjouissances, dans les orages et les éclaircies continues. La curiosité de Violaine Bérot s’immisce dans des territoires encore très peu sondés en littérature, cela afin de rendre des romans aussi touchants qu’inquiétants. Tombée des nues n’échappe pas à la règle et traite cette fois la figure de la relation maternelle qui s’évapore petit à petit, dans ce petit jeu à trois « Papa – Maman – Enfant » où les rôles tendent à très vite s’inverser. De son écriture lourde de sens, Violaine Bérot délivre un récit où la maman ne veut pas l’être, où l’être ne veut pas la maman. Sauf que …
Sauf que voilà, ce résumé est celui d’une lecture classique, dans l’ordre des chapitres. Mais l’originalité de la forme de ce livre commence ici : Violaine Bérot offre à ses lecteurs un autre sens de lecture, et de réflexion. Lettres it be garde le mystère, mais l’idée vaut son pesant de cacahuètes pour être suffisamment soulignée : l’histoire est duale, ambivalente, remise en perspective par deux fois.
On retient de ce livre, avant toute autre chose, l’exercice de rédaction. Périlleuse et peu aisée, l’écriture d’une histoire cohérente sous différents angles et de différentes manières est un exercice plutôt hardi. Violaine Bérot s’en sort haut la main et délivre un roman de la nativité qui parvient à séduire. On connaît toute la magie de La Disparition de Georges Perec (un roman entièrement écrit sans la lettre « e »). On se doit de reconnaître aussi l’inventivité et le talent de Violaine Bérot à la suite de la lecture de cet ouvrage.
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