Parmi les textes les plus remarqués de cette rentrée littéraire 2019, difficile de ne pas citer Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, le nouveau roman de Jean-Paul Dubois publié aux Éditions de l’Olivier. Lettres it be vous donne son avis avec cette nouvelle critique !
# La bande-annonce
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre.
Retour en arrière: Hansen est superintendant a L’Excelsior, une résidence où il déploie ses talents de concierge, de gardien, de factotum, et – plus encore – de réparateur des âmes et consolateur des affligés. Lorsqu’il n’est pas occupé à venir en aide aux habitants de L’Excelsior ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne. Aux commandes de son aéroplane, elle l’emmène en plein ciel, au-dessus des nuages. Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L’Excelsior, des conflits éclatent. Et l’inévitable se produit.
Une église ensablée dans les dunes d’une plage, une mine d’amiante à ciel ouvert, les méandres d’un fleuve couleur argent, les ondes sonores d’un orgue composent les paysages variés où se déroule ce roman.
Histoire d’une vie, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon est l’un des plus beaux livres de Jean-Paul Dubois. On y découvre un écrivain qu’animent le sens aigu de la fraternité et un sentiment de révolte à l’égard de toutes les formes d’injustice.
# L’avis de Lettres it be
C’était un retour attendu après La Succession, joli succès littéraire de 2016. Ce retour, c’est celui du Toulousain Jean-Paul Dubois. Depuis 1984 et Compte rendu analytique d'un sentiment désordonné, notre homme s’est petit à petit imposé dans les librairies, avec une discrétion qui est devenue sa marque de fabrique, en témoignent ses rares et concis interviews.
Paul Hansen est le héros de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Un héros brumeux, que l’on découvre petit bout par petit bout. Un héros français enfermé au Québec à la suite d’une mauvaise aventure que l’on ne découvrira qu’à la fin du livre. Ce Paul, c’est surtout le « bon type » par excellence : proche des autres, serviable, disponible, amoureux. Mais qu’est-ce qui peut bien pousser un tel individu dans l’orage ?
Une fois encore, Jean-Paul Dubois brille par ses personnages. Ce mystérieux prisonnier, pour deux ans certes mais prisonnier quand même. Ce motard sur le retour… Avec ce duo façon En attendant Godot, l’auteur parvient à organiser un huis-clos lumineux où les souvenirs jouent le rôle de porte de sortie vers l’ailleurs et l’extérieur.
« Tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau ». Bien que le plaisir de lecture soit assurément au rendez-vous, c’est bien là l’impression générale que l’on garde à l’esprit une fois tournée la dernière page de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Jean-Paul Dubois questionne et pousse l’idée de responsabilité jusque dans ses retranchements. Qu’est-ce qui peut mener chacun d’entre nous à mettre en lumière sa part d’ombre, et à l’ombre sa part de lumière ? À l’inverse, comment le chemin inverse peut-il être emprunté ? Pour y répondre, l’auteur n’hésite pas à mêler la foi, la repentance, la légitime colère pour, finalement, un joyeux développement, qui finit bien.
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