Un passage à l’université, un autre dans la manutention, encore un autre dans la fonction publique qui plus est en Australie. Incroyable comme parcours, n’est-ce pas ? Eh bien il s’agit des différentes évolutions professionnelles de Florent Bottero, jeune auteur qui a récemment publié Tu riras moins quand tu connaîtras les hommes chez Denoël. Un roman captivant qui n’a pour autre cadre qu’un petit village du Tarn dans les années 1850, village dans lequel un meurtre va très vite venir rompre la quiétude habituelle … Lettres it be vous en dit plus !
# La bande-annonce
Vendée 1856 : le nom de Joseph Roubaud se répand en France comme un écho de terreur...
Joseph Roubaud est infirme de naissance, on l'appelle le pied-bot. Il rappelle ces héros un peu tordus que la plume d'un Hugo rend bouleversants, l'Homme qui rit, ou Quasimodo, sauf que ce Roubaud est un vrai salaud qui mérite cent fois la mort. Il a commencé par exécuter trois types qu'il soupçonnait d'avoir violé sa fille Ophélie. La petite de douze ans était ...tout ce qui le rattachait à l'humanité, son cadavre flotte dans la rivière voisine. Les villageois, eux, le soupçonnent d'être lui-même le bourreau de son Ophélie. Tout l'accuse, mais plutôt que de répondre aux interrogations de la police, Roubaud se lance dans une expédition sanguinaire, fuite en avant désespérée et dérisoire. Il est accompagné de La Forge, un géant au visage figé dans un calme olympien, « fruit du métal et de la terre », un homme de béton, une sorte de robot avant la lettre, qui ignore tout de ses origines, de son enfance, de l'amour...
Un couple bancal et maudit, furieux et génial, qui va écrire sa légende, révéler les mensonges des uns, les turpitudes des autres. Chabert, le maire du village, sera la première victime de ces vérités exposées, sa famille totalement détruite. Car dans ce conte apocalyptique, les discours sont des armes, les mots tuent, les idées massacrent.
# L’avis de Lettres it be
Du courage dans l’écriture. C’est la première chose qui vient en tête à la lecture du premier roman de Florent Bottero, Tu riras moins quand tu connaîtras les hommes. En effet, l’auteur français prend le pari d’écrire sur la vie d’un petit village tarnais où règnent mensonges et non-dits, sur la vie d’une ordure soupçonnée d’avoir assassinée sa fille, sur la vie après la morte. Un courage qui ressort dans une écriture fluide, fine par endroit, mais toujours précise, jamais onirique. Un bon point que l’on retire après quelques pages de lecture seulement.
Le duo de personnages au cœur du roman, détestable duo formé par ce bien triste Joseph Roubaud et son compère de misère La Forge en rappelle forcément un autre. Impossible de ne pas penser à Des souris et des hommes de John Steinbeck et cet autre duo formé par George Milton et Lennie Small. Deux caractères opposés, qui se complaisent dans la pauvreté et la crasse, mais c’est exactement là d’où ils vont faire naître leur indubitable fraternité. Une inspiration, on le pense sincèrement, bienvenue pour Florent Bottero qui parvient, toujours avec cette plume alerte, à faire poindre l’Humanité là où elle n’a pas franchement sa place. Bien vu.
Pour le reste, le roman couronné du Prix Matmut 2017 (qui récompense les primo romanciers) ne surprend pas de façon incroyable, d’autant plus sur sa fin. On ressort quand même de cette lecture avec une bonne impression laissée par un auteur qui, avec encore quelques années de maturation de sa plume, promet beaucoup.
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