C’était un nom que l’on attendait. Après Le roi n’a pas sommeil (éditions Viviane Hamy) Prix Mauvais genres en 2012 ou encore Trois saisons d’orage récompensé du prix des Libraires en 2017, Cécile Coulon revient avec Une bête au paradis publié chez L’Iconoclaste. Découvrez la critique Lettres it be !
# La bande-annonce
La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.
# L’avis de Lettres it be
Difficile de passer à côté du nouveau roman de Cécile Coulon, un roman très vite considéré comme une petite rock-star incontournable de cette rentrée littéraire, notamment couronnée du prix littéraire du journal Le Monde. Pour son retour, l’auteure de 29 ans invite ses lecteurs à entrer au Paradis, rien que ça. Sauf que cette fois, le Paradis, c’est le nom d’une ferme tenue d’une main de fer dans un gant de velours par la vieille Émilienne. L’harassement, la violence du monde et de la mort, la rudesse des saisons et des amours… Au Paradis, rien ne vous sera épargné.
La vidéo du moment
Il y a donc Émilienne et son corps digne d’une « ogresse affamée, d’une rudesse et d’une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresse comme de gifle, et tous autour d’elle s’appuyaient sur ce corps pour rester debout ». Il y a aussi Blanche, une « guerrière » orpheline que Louis, le commis de la ferme, tient en très haute estime dans son cœur. Il y a aussi le frère de Blanche, Gabriel dont le feu de la tristesse ne s’éteint plus. Puis il y a Alexandre aussi, premier amour de Blanche. Tout ce petit monde doit avancer, coûte que coûte, à la ferme mais aussi en-dehors, au contact d’un monde qui va trop vite, ou pas assez.
Dans son nouveau roman, Cécile Coulon fait intervenir une ribambelle de personnages aux caractéristiques marquées. Vous l’aurez compris. Des voix qui divergent, des âmes qui s’emportent… C’est assurément la grande force de ce livre. Malheureusement, Une bête au paradis est un roman à la langue forte, empreinte de réalisme et de violence dans la description des corps et des âmes mais… c’est tout. Les situations évoquées, de ce rapport sexuel pendant que l’on abat les cochons dans la cour et le sang en passant par de nombreuses autres, ces situations manquent d’une certaine crédibilité ou alors résultent du fantasme romantique d’un monde agricole bien différent. Mais on ne peut se résoudre à cela…
Et si Cécile Coulon avait juste voulu raconter une histoire, loin du virage pris par une littéraire française contemporaine décidée à dire le « vrai » et raconter le « vécu » ? Et si Une bête au paradis n’était qu’un conte noir, à la façon de l’immense La vraie vie d’Adeline Dieudonné, qui tenait la même place de rock-star dans le catalogue de L’Iconoclaste l’année dernière au même moment ? Regardé avec ces yeux, le nouveau roman de Cécile Coulon est une réussite, de toute évidence. Un conte noir, sanglant, un conte rude pour les grands. On pensait ne pas trop aimer… mais alors, on adore.
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