Le début de l’hiver. Les chauffages s’allument, la lumière du jour se tarit bien trop tôt. Le moment idéal pour se mettre au canapé le soir, un bon livre entre les paluches. Encore faut-il trouver LE livre … Sans grand espoir de trouver le coup de cœur de cette fin d’année 2017 qui approche trop vite, Lettres it be s’est mis au canapé en ouvrant ce Bariloche d’Andrés Neuman publié chez Buchet/Chastel (un merci en passant). Et la lumière fut …
# La bande-annonce
Demetrio Rota est éboueur à Buenos Aires et, pour échapper à un quotidien morne et sans substance, il s’adonne la nuit à une passion dévorante : les puzzles. Pièce après pièce, à la manière d’une Pénélope revenant chaque fois à l’ouvrage, Demetrio reconstruit son passé, pour mieux tisser une mémoire fragile, vitale, faisant revivre sous nos yeux le parcours d’un homme comme un autre, écrasé par un présent qui l’étouffe.
Les émois de l’adolescence, le premier amour, les mécanismes aliénants de nos vies contemporaines, les évocations d’une nature sublime et les réalités des mégapoles modernes dénuées d’humanité : les aléas de la mémoire et des réflexions de Demetrio Rota nous entraînent dans une fable contemporaine poignante et interrogent puissamment les limites et les écueils de nos existences sans horizon.
# L’avis de Lettres it be
Cette lecture, c’était d’abord une rencontre, celle d’Andrés Neuman. Jeune auteur argentin et espagnol, plusieurs fois primé du côté hispanophone, le voilà débarqué en France avec Bariloche. Un livre publié après Parler seul (Buchet-Chastel, 2014), Le voyageur du siècle (Fayard, 2011) ou encore Une ligne sur le sable (Gallimard, 2010). Autant dire que Neuman est un habitué des rayons « Littératures étrangères » de nos librairies hexagonales. Et ce Bariloche, parlons-en …
L’histoire est d’un banal confondant. Cette histoire d’un éboueur et de son collègue de galère, ce même éboueur qui voue une passion originelle pour les puzzles en tous genres. Cette histoire dans une Argentine qui vit au rythme des rebonds d’un ballon rond. Cette histoire où l’on entend la voix d’un Monsieur normal qui narre son avant et s’interroge sur son maintenant. C’est banal, c’est même très banal. Et pourtant, impossible de ne pas pousser un soupir de satisfaction à la lecture de ces lignes, de ces pages. Vous savez, ce même soupir qui accompagne la fin d’un bon repas, celui-là même que vous poussez en vous détendant au lit de tout votre long après une longue journée. Et autant dire que c’est si rare en lecture qu’il revêt alors une valeur toute particulière ce soupir.
L’heureuse et brillante traduction d’Alexandra Carrasco rend compte d’une langue brillante, imagée, euphorique, pétillante. Andrés Neuman joue de la langue, ça frétille à toutes les lignes, chaque mot goûté apporte une saveur particulière, on se délecte des phrases qu’on picore avec un appétit renouvelé. Vraiment, c’est un plaisir que de lire de tels ouvrages. Ca rebondit à toutes les lignes, les métaphores s’accompagnent d’une image qui saute aux yeux de l’esprit. On n’a pas les mots exacts, pour tout vous dire …
Un coup de cœur, LE coup de cœur de cette fin d’année 2017. Un roman modestement magnifique, l’histoire d’un Monsieur Normal qui devient super-héros de la vie de tous les jours en enfilant son costume d’éboueur usé et ses bottes boueuses. Les tourments, les problèmes et les pensées d’un quidam, tout cela servi par une langue magnifique (littéralement), c’est délicieux. A lire au plus vite !
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