"Première dame" de Caroline Lunoir : Brigitte, Melania, Carla et moi

Première dame est le nouveau roman de Caroline Lunoir publié chez Actes Sud
Première dame est le nouveau roman de Caroline Lunoir publié chez Actes Sud

Après La Faute de goût paru en 2011 chez Actes Sud puis Au temps pour nous quatre plus tard toujours dans la maison arlésienne, l’avocate pénaliste Caroline Lunoir revient en librairie en ce mois de janvier 2019 avec Première dame. Une incursion, intime et féminine, dans les coulisses politiques et personnelles d’un aspirant au pouvoir. Lettres it be vous dit tout sur ce nouveau roman !


 

# La bande-annonce

 

Un beau dimanche d’avril, c’est dans l’euphorie et la fierté qu’est accueillie l’annonce de Paul : il sera candidat aux primaires de son parti en vue de l’élection présidentielle. Épouse dévouée, mère exemplaire, Marie inaugure pour l’occasion un journal, avide de tenir la chronique des deux années à venir qui s’annoncent pleines de suspense, de promesses et d’accomplissements. Leurs quatre enfants, jeunes adultes, se réjouissent du sens que ce projet paternel donne à une vie d’engagement et le soutiennent avec chaleur. Personne ne semble mesurer les conséquences d’une telle mise en lumière, ni ne pressent le souffle des scandales qui s’apprêtent à ébranler la cellule conjugale et le cocon familial…

 

 

Que faut-il d’abnégation, de cynisme, d’amour ou d’ambition pour accompagner un homme jusqu’aux portes du palais ? Analyse intime d’une femme qui ne vivait que pour ses proches et qui se découvre un pouvoir ambigu, critique sociale d’un milieu privilégié coupé de la réalité, satire dénonçant les compromissions de la classe politique avec les experts en communication, ce roman enlevé mêle l’ironie d’une fausse résignation à un féminisme ambivalent.

 

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

Cécilia Attias puis Carla Bruni, Julie Gayet, désormais Brigitte Macron, Michelle Obama ou Melania Trump de l’autre côté de l’Atlantique… La figure de la Première dame est désormais incontournable dans le monde politique, en France mais aussi au-delà de nos frontières. Et c’est de cette figure, presque tout le temps féminine à quelques exceptions près, que tente de s’emparer Caroline Lunoir dans son nouveau roman Première dame publié chez Actes Sud.

 

Caroline Lunoir
Caroline Lunoir

De l’ambition politique (et intime) d’un mari et d’un père qui peut s’appuyer sur une famille unie et sur un couple soudé, en passant par les inévitables phases de doute jusqu’à la possible consécration finale, Caroline Lunoir dépeint sous la forme du journal intime la conquête de la Présidence, mais du côté de l’ombre, ou plutôt d’une femme de l’ombre. Mère de quatre enfants, femme dévouée au soutien de son homme aspirant Président, Marie connait sa place. Cette place de Première dame, aussi enviée que détestée, ce poste de faire-valoir cantonné aux sourires béats et aux salutations lascives laissées de nos foires locales jusqu’aux quatre coins du globe. Et pourtant, Marie se veut tout le temps au côté de Paul et ce dès son annonce de se présenter à la primaire de son parti politique. Et de fil en aiguille, tout ne va (évidemment) pas se passer comme prévu…

 

 

La conquête du pouvoir, le terrain miné qu’est la politique quel que soit l’étage scruté, les jalousies et ambitions des uns et des autres qui s’entrechoquent pour laisser place à un cocktail explosif de carriérisme tiède et d’envies cachées, la figure de la femme trompée qui danse main dans la main avec celle du mari-père qui s’éloigne… Malheureusement, Caroline Lunoir ne nous épargne pas vraiment les lieux communs et les clichés rebattus sur la politique année après année, livre après livre. Non pas que les personnages de Première dame soient seulement caricaturaux et entendus, loin s’en faut, simplement que l’originalité et le changement de perspective ne sont pas à mettre dans la liste des attentes à avoir à la lecture de ce roman.

 

 

Une femme aide son mari à conquérir le pouvoir. Ce dernier y parvient en trompant bien du monde y compris la principale intéressée. La femme tient, résiste, prouve qu’elle existe. Digne jusqu’au bout des ongles. Et finalement, elle se tait pour assurer la place de son mari et couvrir ses méfaits. Voici le résumé possible de ce roman, de ce Première dame, qui, malgré une forme intéressante, ne convainc pas vraiment, préférant s’engluer dans un semblant de critique sociale et féministe qui occulte bien des pans de la complexité réelle.

 

 


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