"Mes très chers amis" de François Rantrua : moins vrai que vrai
C’est un premier roman qui avait de quoi intriguer : Mes très chers amis de François Rantrua publié du côté des Presses de Midi. Un mano a mano politique, tout en tension, entre un enquêteur décidé et un homme d’affaires prêt à livrer de nombreux secrets. Lettres it be l’a lu, et vous en rapporte quelques souvenirs.
# La bande-annonce
Contraint par son mystérieux interlocuteur d’expliquer les évènements qui ont « fait basculer son existence », Guillaume Einaudi doit se mettre à table. Il voit défiler devant ses yeux le film de sa vie, dans un suspense qui tiendra le lecteur en haleine jusqu’au dernier coup de théâtre. Même s’il ne dit pas toujours toute la vérité, notre personnage raconte de nombreuses péripéties, que ce soit avec sa ravissante épouse Mathilde, avec son beau-frère, le flamboyant et sulfureux baron Alexandre de Naurley, dit ADN, ou encore avec d’autres « amis » plus ou moins recommandables...
À la suite de ses études d’ingénieur complétées par une formation en management, l’auteur a exercé différentes responsabilités, telles que directeur financier d’une société d’ingénierie ou gestionnaire de projets publics et privés en Europe, en Asie, et en Afrique dans les secteurs des nouvelles technologies, de l’environnement et de la finance. Après plusieurs années passées à la Banque mondiale dont huit en tant que Représentant Résident en Afrique et en Europe, il a décidé de mettre sa carrière entre parenthèses pour transformer quelques-uns de ses rêves, et en particulier celui d’écrire, en réalité.
# L'avis de Lettres it be
L’intrigue de Mes très chers amis a en effet de quoi attirer l’œil. Avec ce dialogue à bâtons rompus entre deux personnages forts et aux contours très vite posés, François Rantrua invite ses lecteurs à entrer dans les coulisses du Pouvoir, un pouvoir aux multiples visages qui s’étend des salons discrets de l’Elysée aux bureaux les plus reculés et aux âmes les plus grisées. Et tout cela ne sort pas de nulle part : l’auteur de ce livre est un ingénieur général des Ponts, mais aussi un ancien cadre de la Banque Mondiale. Autant vous dire que « toute ressemblance avec la réalité n’est pas que fortuite » …
On assite donc, avec plaisir dans les premières pages, à un vent de fraîcheur sur la forme avec ce dialogue composé de nombreuses réminiscences, chapitre après chapitre. Sauf que… Le rythme se fait de plus en plus ralenti, et on perd le fil d’un récit qui s’estompe au profit de nombreux personnages, de nombreuses situations. Arrive alors la question fatidique : où va ce roman ?
L’exercice était périlleux de vouloir tenir la barre autour d’une intrigue politico-politique aussi fouillée soit-elle. Malheureusement, François Rantrua rate le coche avec un livre qui a peut-être deux décennies de retard, a minima. Le récit de Guillaume Einaudi, trop enchevêtré, trop alangui, a effectivement un temps de retard sur la réalité. Les nombreux scandales politiques français se sont accumulés ces dernières années avec l’importance que l’on connaît, faisant passer la fiction pour une bien pâle copie. Des poches de sang contaminé à l’affaire Benalla, difficile de tirer son épingle du jeu là où même une série comme Baron Noir semble un peu pâle face à la réalité. Et François Rantrua, pour son premier coup d’essai, ne réussit pas le pari.
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