Après Où la lumière s’effondre paru chez Plon en 2016 ou encore Prépa HEC sorti en 2011 aux éditions Kirographaires, l’occasion est donnée de retrouver en librairie Guillaume Sire. Le jeune auteur de 33 ans nous propose cette fois avec Réelle publié aux Editions de l’Observatoire une plongée dans l’univers nébuleux de la télé-réalité au côté de Johanna, l’héroïne de ce roman. De Loana à Nabilla, qui sont ces gens qui font et défont la télé-réalité hexagonale ?
# La bande-annonce
Enviée, choisie, désirée : Johanna veut être aimée. La jeune fille ne croit plus aux contes de fée, et pourtant… Pourtant elle en est persuadée : le destin dans son cas n’a pas dit son dernier mot.
Les années 1990 passent, ses parents s’occupent d’elle quand ils ne regardent pas la télé, son frère la houspille, elle danse dans un sous-sol sur les tubes à la mode, après le lycée elle enchaîne les petits boulots, et pourtant…
Un jour enfin, on lui propose de participer à un nouveau genre d’émission. C’est le début d’une étrange aventure et d’une histoire d’amour intense et fragile. Naissent d’autres rêves, plus précis, et d’autres désillusions, plus définitives.
L’histoire de Johanna est la preuve romanesque qu’il n’y a rien de plus singulier dans ce monde qu’une fille comme les autres.
# L'avis de Lettres it be
C’est un auteur qui, jusqu’à présent, n’avait pas fait de grandes vagues en librairie. Mais quand on est adoubé par Denis Tillinac depuis le début ou encore par un Eric Neuhoff élogieux dans une critique parue dans Le Figaro Madame, nul doute que son tour viendra, et vite. C’est exactement le cas de Guillaume Sire. Cette fois, l’auteur toulousain débarque dans nos librairies avec Réelle publié aux Editions de l’Observatoire. Après avoir scruté la réalité de terrain des classes préparatoires aux écoles de commerce dans Prépa HEC, après avoir poussé dans ses retranchements nul autre outil qu’Internet et sa toute-puissance en devenir dans Où la lumière s’effondre, Guillaume Sire sonde et passe au crible de sa plume ces jeunes femmes et ces jeunes hommes qui construisent, émission après émission, clash après clash, la télé-réalité à la française.
Johanna est l’héroïne de ce nouveau roman. Une jeune femme que nous allons suivre tout au long des 300 pages du nouvel écrit de Guillaume Sire. Une jeune femme, Mademoiselle Tout-le-monde, qui prend justement d’emblée toute sa force par cet aspect : Guillaume Sire est l’auteur des gens, des gens du vrai monde, peut-être même de l’ancien monde. Ces gens qui se satisfont d’un CDD, qui ont la boule au ventre lors d’une première montée dans la Capitale, ces gens qui cherchent avec intérêt les promotions au supermarché, qui kiffent Ophélie Winter et MC Solaar (nous sommes dans les années 90). La banalité d’un monde déjà tellement modelé, martelé, déformé. Et si bien retranscrit, humblement et humainement, par un jeune auteur tout le temps dans le ton. Johanna est de ce monde, et se rêve dans celui d’une petite lucarne qui explose alors aux yeux du grand public parce que, jamais, il n’a été concerné à ce point.
Opportunisme des producteurs véreux qui ne cherchent rien d’autre que la promotion d’un produit de grande consommation porté par des « Candide » du XXIème siècle non moins opportunistes mais plutôt à la recherche de la sustentation, réalité d’un monde cathodique qui n’a de « réalité » que le nom, succès (déjà) trop éphémère… Bon nombre d’aspects sont traités avec manière et brio par un Guillaume Sire porté par son sujet. Difficile de ne pas sombrer dans le récit de vie d’une midinette qui cherche à se faire une petite place dans le cœur des gens, dans le récit d’un monde fait de faux envié pour de vrai. L’auteur évite tous les écueils possibles et imaginables et nous embarque dans notre propre réalité, notre propre vie. Et la présente différemment.
Le roman de ces « vrais gens » qui, pour un petit coin de lucarne, donnerait (presque) tout, donnerait « leur chemise à des pauvres gens heureux » comme dirait l’autre… Guillaume Sire délivre avec Réelle le livre qu’il fallait. Il fallait parler de cette Province sans l’inonder d’alcool et de racisme, façon Lydie Salvayre ou Nicolas Mathieu. Il fallait parler de ces gens-là, classe moyenne qui ne parle et ne pense qu’à travers la bouche et la plume des autres de la haute. Il fallait la famille Tapiro, il fallait Ophélie Winter, il fallait Johanna. Guillaume Sire, bravo et merci.
Écrire commentaire