La sélection pour le prix de Flore 2017 vient de tomber. Dernier nominé, un certain Zarca et son livre Paname Underground. Un passage sur Google, quelques informations glanées çà et là. Le Boss de Boulogne en 2013, Phi Prob en 2015, un blog bien connu (Le mec de l'Underground), une plume acide et résolument borderline. Un auteur à la street cred' indubitable. Un auteur en devenir. Et donc, ça donne quoi ? Lettres it be vous en dit plus !
# La bande-annonce
Où s’arrête le réel, où commence la fiction ? Zarca raconte les coulisses du guide des bas-fonds parisiens qu'il rédige depuis 2016. Love Hotel de la rue Saint-Denis, Afghans du Square Villemin, Belleville des lascars, La Chapelle des toxicos, backroom sordide de Montparnasse, QG des fachos de la Rive Gauche, combats clandestins à porte d'Aubervilliers…
L’auteur enchaîne les rencontres et les substances pour raconter le off de la capitale. Mais la virée parisienne se transforme en spirale de défonce et de rage quand Zarca est victime d’une tentative de meurtre et que sa frangine de cœur succombe à une overdose.
# L’avis de Lettres it be
Zarca, alias Johann Zarca dans la vraie vie, a été repéré à l'aide de son blog, Le mec de l'Underground. Un blog où se succèdent des nouvelles littéraires bien senties et des chroniques acerbes sur la politique, les gens, sur la vie quoi. Un blog qui permit à ce "duc du macadam" autoproclamé de pénétrer un milieu littéraire où il fit très vite figure de vilain petit canard. Aujourd'hui, c'est le début de la consécration : Zarca est nominé pour le Prix de Flore 2017 avec Paname Underground.
Ce livre est un guide touristique. Le guide de la rue, du trottoir, des bas-fonds, ces bas-fonds qui font si bien vomir que fantasmer. L'histoire se déplie, on se met dans les pas du personnage éponyme de Zarca, des pas qui nous emmènent très vite de par et d'autre de la capitale, toujours dans une ambiance grisâtre et pesante chère à l'Underground. On regarde par-dessus l'épaule de Zarca, timidement, parce que ce qu'il décrit fait franchement peur : la rue, la vraie, celle qui a toujours autant intrigué qu'effrayé, et on prend un malin plaisir à y pénétrer avec notre guide du jour.
Clairement, ce roman époustoufle par le vécu qui transpire des pores de chaque page. La plume plus qu'acide de Zarca mène une histoire de bout en bout, une histoire qui se promène d'un bar de Nation aux boîtes sordides de la capitale, en passant par les Halles. Paris la vraie, Paris la sombre. Putes, travelos et Scarface en devenir s'y croisent, s'y recroisent, s'y affrontent. Splifs et rails de coke s'y multiplient à faire pâlir la SNCF.
Dans une littérature contemporaine, et essentiellement française, qui s'enlise dans la recherche du bon mot à l'aide d'une langue souvent trop châtiée et peu évocatrice, Zarca vient briser les codes. Son style brûle, frappe, insulte, choque et parle comme rarement. Les mots pleuvent et salissent les pages comme autant de crachats de plume. L'oralisation de l'écrit n'a pas semblé aussi brillante depuis bien longtemps. Zarca n'invente rien, ne joue pas à faire semblant : c'est le parler de la rue qui se dégage de chaque page, un parler vrai d'aujourd'hui. Tout est mis sur la table. Et si le vieux médecin de Meudon eut sa "petite musique" fut un temps, Zarca invente le gros son à lire. Et rien que pour ça, on applaudit des deux mains. Putain que ça fait du bien !
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Gorki (dimanche, 27 janvier 2019 12:12)
Bidon, bidon, bidon