Un livre recommandé par Barack Obama himself, le prix Pultizer de littérature en 2017 qui fait suite au National Book Award obtenu l’année précédente, un auteur ancien diplômé d’Harvard devenu journaliste reconnu pour ses travaux publiés dans The New York Times ou encore Salon … Underground Railroad semble s’imposer comme la grande pépite de littérature étrangère de cette rentrée 2017. Véritable feu d’artifices ou fausse alerte ? Lettres it be vous en dit un peu plus.
# La bande-annonce
Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.
De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le « misérable cœur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
L’une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l’« Underground Railroad », le célèbre réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements et la mécanique du racisme.
À la fois récit d’un combat poignant et réflexion saisissante sur la lecture de l’Histoire, ce roman, couronné par le prix Pulitzer, est une œuvre politique aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
# L’avis de Lettres it be
Cora, jeune esclave de 16 ans dans une plantation de coton géorgienne, l’Amérique du XIXème siècle, un esclavagisme rampant et qui pourrit une société naissante … Le cadre est posé, noir, sombre, monolithique. Colson Whitehead prend un parti littéraire terriblement osé en voulant narrer cette Amérique en proie à ses pires démons. Le passé ressurgit en 400 pages et la démarche est louable, à une époque où l’Histoire se travestit souvent dans les propos.
L’écriture est sobre, très sobre. On imagine une traduction épurée et qui ne redonne peut-être pas la langue originelle de Whitehead. Mais le récit est aussi sobre. Trop sobre. Les cent premières pages imposent un rythme soutenu, une description captivante d’une trop atroce société américaine de ce temps. L’état d’esclave est parfaitement retranscrit, tout comme les conditions de vie et les châtiments permanents. Mais passée cette première centaine de pages, les péripéties et changements d’Etats vont s’accumuler dans la vie de Cora, les rencontres également et ce dans un amoncèlement de caractères communs parfois bien traités mais quelquefois trop proches d’une image d’Epinal. L’écriture perd, avec dommage, sa teneur, le récit sa densité.
Le livre était bien annoncé, très bien annoncé. Un succès outre-Atlantique, un plébiscite dans la patrie de l’oncle Sam. Et pourtant, l’intensité du récit ne tient pas toute la distance et ce malgré la mine d’informations et de renseignements glanés par l’auteur pendant la phase d’écriture (rien d’anormal pour un livre historique). Un bon livre assurément, peut-être pas LE livre de cette année 2017. Mais qu’importe.
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