Carnets de l’autre amour
de Sandrine Willems
Sandrine Willems est un personnage surprenant. Tour à tour actrice sur les planches et pour le grand écran, auteure, philosophe, psychologue et animatrice d’ateliers, notre bruxelloise aujourd’hui hexagonale a bien plus d’un tour dans son sac. Avec « Carnets de l’autre amour », Sandrine Willems livre un récit, ciselé, morcelé, fracturé. Des pensées jetées sur le papier, d’une franchise déconcertante, d’une Humanité jamais feinte. Un essai bien senti qui nous a surpris chez Lettres it be !
// « Chaque soir, en ma petite méditation, ces images qui se succèdent : une flamme infime, vacillante et vive, qui devient feu pour s’emparer de mon corps, après ma mort, et le réduit en cendre ; puis cette cendre qui se diffuse, à tous vents, comme une semence, dans un champ, les montagnes, une savane, sous le pas tranquille d’un troupeau d’éléphants. » //
# La bande-annonce
(Quatrième de couverture) : En devenant psy, auprès de toxicomanes et d’alcooliques, qui par leur détresse et leur méfiance en appellent à un engagement assez radical, je découvris une forme de cet amour « élargi », pouvant accueillir « n’importe qui », auquel j’avais toujours aspiré. Dans le même temps, à relire tout ce que j’avais gardé, depuis mes dix ans, de mes correspondances et mes notes, j’en vins à interroger ma façon d’aimer. Or toujours c’était la même question, taraudante, sur ce qui peut mener un amour amoureux à devenir « religieux » - adorant, à travers un être, ce qui le dépasse.
# L’avis de Lettres it be
Parfois psychanalysant, souvent philosophique, rarement infondé, brillamment poétique, toujours humain, cet essai se découvre, s’effeuille lentement, mot après mot, phrase après phrase, toujours avec cette envie de se délecter de chaque pensée. La forme utilisée dans cet écrit reprend largement celle des écrits nietzschéens, en premier lieu celle de « Par-delà le bien et le mal » ou encore « Le gai savoir ». Une référence à celui qui se noya dans la folie au cou d’un canasson, référence à un penseur que l’on retrouve souvent dans les écrits de Sandrine Willems. En effet, l’auteure bruxelloise semble s’être toujours nourrie aux grands penseurs, aux grands auteurs : de Barthes à Nietzsche, de Freud à Deleuze, ce livre respire l’intemporelle pensée des Géants.
A travers le récit qu’elle fait de sa profession de psychologue, à travers ses courtes phrases et ses longues pensées, Sandrine Willems ne perd jamais de vue cette humanité qui l’habite. Le patient, terme qu’elle abhorre, n’est jamais infantilisé, jamais sous-estimé, toujours regardé à la lumière de ce qu’il est et non pas du mal qu’il hait.
Un format original, des pensées qui s’amoncellent et nourrissent notre esprit sans jamais risquer l’abus … Sandrine Willems sort des sentiers battus avec ce livre, un essai qui se distingue largement du reste de son œuvre. A découvrir pour s’offrir quelques moments de pensée comme rarement nous pouvons en jouir.
// « Mais ne se fait-on aussi soi-même, par les mythes qu'on se choisit, les romans qu'on lit et puis qu'on écrit, les histoires qu'on se raconte et celles qu'on finit par vivre ? » //
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