"L'écologie en bas de chez moi" de Iegor Gran : Un mensonge biodégradable ?

L’écologie en bas de chez moi

de Iegor Gran

 

 

 

A tous les adeptes de la poubelle aux couvercles bariolés, à toutes les groupies des préservatifs recyclables en chanvre, à tous les fanatiques de Biocoop, passez votre chemin. Ce livre est tout ce qui vous débecte. « L’écologie en bas de chez moi » par Iegor Gran, une critique verte, sauce Lettres it be !

 

 

 

 

// "OK. Je comprends. Dans l’histoire des idées, quand la forme et le fond sont indissociables, on peut craindre le dogme. (…) commencez par croire, ensuite on verra." //

 

 

 

# La bande-annonce

 

 

 

(Quatrième de couverture) : « Un voisin durable, c’est un voisin qui trie ses déchets et me surveille pour que j’en fasse autant. Une amitié durable, c’est une amitié où l’on ne met pas en danger l’avenir de la planète, même en paroles. On évite d’aborder les sujets qui fâchent. On gobe le discours moralisateur avec le sourire. On accepte l’opportunisme marchand en ouvrant son portefeuille. On se garde de penser sans gourou, sans nounou. On se retient.

Ce livre raconte comment je ne me suis pas retenu. »

 

 

 

C’est à la suite de la publication de l’un de ses articles dans le journal Libération, article rédigé par un Iegor Gran vent debout contre le diktat du « vert » qui fera grand bruit dans les milieux autorisés, que naîtra l’idée de ce récit. Un récit stylistiquement avenant, qui se rapproche vivement de l’écriture orale chère à William S. Burroughs, et qui interpelle par la rudesse intellectuelle qui l’habite.

 

 

 

// "Les catholiques utilisent l’eucharistie pour se purifier des pêchés passés et se préserver des tentations futures.

Vincent, lui, va au salon « Planète durable » à la porte de Versailles." //

 

 

 

 

# L’avis de Lettres it Be !

 

 

 

Autant aller à l’essentiel, ou droit au but comme on aime à dire près des calanques : « L’écologie en bas de chez moi » est de ces romans où l’écriture met en branle les idées monolithiques, où la plume s’alourdit jusqu’à devenir plomb. Iegor Gran, auteur hexagonal venu du froid russe pour échauffer les esprits, délivre ici un roman dont il a le secret : doucement subversif, puit de réflexions, berceau de bouleversements. Descendant de l’écrivain soviétique dissident Andreï Siniavski, Iegor Gran confère à sa plume ce goût de l’indépendance, cette volonté de n’être seulement rangé que dans la case du brio. On aime.

 

 

 

Ni romance, ni autobiographie rance, « L’écologie en bas de chez moi » est un récit doux-amer sur une société qui ne se regarde le nombril qu’au travers de lunettes recyclables, conçues dans un arbre abattu dans ces forets qui ne s’éteignent aussi vite que les convictions individuelles.

Pour Gran, dans ce monde actuel, l’engagement n’a de sens et de richesse que lorsqu’il vit dans les pages médiatiques, que lorsqu’il subsiste au fil des retweets. Yann Arthus-Bertrand héraut de la protection environnementale et ancien reporter-photographe sur le Paris-Dakar … Le royaume du paradoxe recyclable, l’Eden des valeurs biodégradables. Quand, par exemple, la tolérance n’a d’égard que pour les bébés pandas. Quand Mélanie Laurent qui ne brille que par son éclipse déclare dans Elle : « Les gens qui affirment que l’écologie ne les concerne pas, c’est comme s’ils disaient « Je suis pour la guerre ». Alors j’argumente, je reste calme, j’explique. » Sous les feux de la rampe brillent encore plus les ignares qui campent.

 

 

 

// "A l’inverse de l’humanitaire, le développement durable est une branche où l’on peut faire de très belles carrières." //

 

 

 

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Le combat écologique ne mérite pas l’avarie intellectuelle de ses figures de proue. La protection de l’environnement ne peut se répandre sérieusement sous les oracles galvaudés du GIEC, de ces 2 500 « chercheurs » du monde entier qui se masturbent l’encéphale en rendant des évaluations principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques qu’ils piochent ci-et-là. Ne réduisons pas l’écologie à un combat de chiffres scientistes que personne ne maîtrise réellement. Gran est radical sur la science : « Tout ce qui sort du champ de l’expérience reproductible, contrôlable, bureaucratique, lui est inaccessible. Elle ne sait pas gérer la surprise. »

 

 

"L’écologie en bas de chez moi" est de ces livres qui ne se referment qu’en ouvrant votre esprit. Brutal. Saisissant.

 

 

 

 

 

 

 

 


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Commentaires: 1
  • #1

    Litteratura blog (dimanche, 09 avril 2017 18:15)

    Merci pour cette critique qui m'a donné envie de lire ce livre qui me semble polémique