"L'élégance du hérisson" de Muriel Barbery : Une gourmandise

 

 

L’élégance du hérisson
de Muriel Barbery

 

 

 

Parfois, lorsque l’on ouvre un livre et que l’on commence à l’effeuiller, le parcourir, on arrive à ressentir cela. Cette envie de prolonger la lecture sans jamais qu’elle ne cesse, persuadé que l’on tient entre ses mains un pur bijou, une merveille de grâce. Il faut bien le reconnaître, cette sensation se fait rare. Mais ce fut la nôtre chez Lettres it be lorsque nous avons lu « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery. Une gourmandise. Un nectar de plume.

 

 

// « Mme Michel, elle a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. » //

 

 

 

 

# La bande-annonce

 

 

 

(Quatrième de couverture) : « Je m’appelle René, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

 

 

 

Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligent, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

 

 

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

 

Le résumé de ce livre peut rebuter aussi bien qu’il peut intriguer. C’est pourquoi il faut se plonger dans la lecture de « L’élégance du hérisson » sans s’interroger, sans prendre le temps de savoir pourquoi nous ferions cette lecture et pas une autre. C’est pourtant vrai : l’histoire est attendue par endroit. Le duo qui se trame page après page, entre cette concierge majesté du banal et cette petite fille déjà lassée de n’avoir pas vécu, ce duo n’est destiné qu’à se compléter. Et pourtant, l’écriture de Muriel Barbery ajoute l’enchantement nécessaire pour suivre toutes les évolutions du roman comme une heureuse apnée de l’esprit.

 

 

 

Muriel Barbery est l’antithèse des auteurs à succès : discrète, éloignée de tout le tintouin médiatique qui prévaut de nos jours, elle sème ses romans comme de petites traînées de pur talent. L’auteure française née à Casablanca, agrégée de philosophie, normalienne et un temps Kyotoïte, est à l’origine de trois romans dont « L’élégance du hérisson » mais aussi le non moins brillant « Une gourmandise ». Dans ses romans, le ou les personnages centraux semblent fort être un miroir légèrement déformant de celle qui les a créés. Solitaires de nature, érudits discrets mais humains en puissance, les personnages de Barbery n’arborent jamais les apparats dispendieux que l’on peut souvent retrouver ailleurs. Quand la banalité brille de mille feux.

 

 

 

L’élégance du hérisson » est un roman universel. Lecteur aguerri, aspirant littéraire curieux, liseur ponctuel … Tout le monde trouve sa part de bonheur dans ce roman. La plume de Muriel Barbery ne s’use jamais, elle dépeint ce que nous ne savons voir dans le banal. Du voisin louche, au mendiant que nous ne regardons plus, nous sommes tous confrontés au jugement hâtif sur l’autre. « L’élégance du hérisson » est une porte ouverte pour ôter ce voile qui nous cache l’esprit. Un livre humain. Splendide.

 

 

 

// « En pensant à ça, ce soir, le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspensions, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais.

(..)

Car pour vous, je traquerai désormais les toujours dans le jamais.
La beauté de ce monde. » //

 

 

 

 

 


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Commentaires: 1
  • #1

    A la page des livres (dimanche, 14 mai 2017 20:54)

    J'ai vu le film. Je n'ai pas lu le roman Cette expérience fut agréable et bouleversante. J'ai adoré. J'imagine que le livre doit être superbe. J'ai noté le titre : les gourmandises. Je pourrais tenter cette lecture.