Réparer les vivants
de Maylis de Kerangal
Si l’on pose un regard avisé sur la carrière littéraire de Maylis de Kerangal, il est évident de dire que l’auteure au regard pétillant est l’incarnation parfaite d’un succès retentissant, croissant. Son premier roman « Je marche sous un ciel de traîne » paraît en 2000. Depuis, ses perles s’enchaînent pour rencontrer une reconnaissance flamboyante de tout un lectorat avec « Réparer les vivants » paru en 2013. Chez Lettres it be, évidemment qu’une telle ascension a attiré notre attention. Et pour cause.
// « Tertio : la situation est irréversible - elle déglutit en pensant à ce mot qu'il lui faudra articuler, irréversible, quatre syllabes qui vitrifient l'état des choses et qu'elle ne prononce jamais, plaidant le mouvement continu de la vie, le retournement possible de toute situation, rien n'est irréversible, rien a-t-elle coutume de clamer à tout bout de champ (…) » //
# La bande-annonce
(Quatrième de couverture) : « Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps ». "Réparer les vivants" est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
# L’avis de Lettres it be
Le don d’organes : une thématique douloureuse, sujette encore aujourd’hui à débat dans nombre de sociétés à travers le monde, y compris la nôtre. Maylis de Kerangal empoigne ce sujet avec force, vigueur, mais toujours avec une plume légère, qui n’accuse pas, ne viole pas les sentiments, n’exagère en rien. L’équilibre est fragile, mais il est.
Le livre « Réparer les vivants » a véritablement été auréolé de nombreuses récompenses : le Grand prix RTL 2014, le Prix Orange du Livre 2014, le Prix Relay 2014 et tant d’autres … Pourtant, il est vrai que chez Lettres it be, une promotion à grand renfort de médailles nous fait craindre plus qu’elle nous rassure. Et pourtant, ici, tout semble justifié. « Réparer les vivants » est une ondée de fraîcheur sur un thème lourd, grave. Il n’est jamais simple d’aborder ces thèmes sans sombrer dans l’empathie désabusée ou la compassion forcée. Maylis de Kerangal réussit ce tour de force avec brio.
Ne passons pas par quatre chemins : « Réparer les vivants » est un bijou, une œuvre nacrée de talent. Ce roman est de ces étincelles qui éblouissent l’âme, qui sondent l’esprit. Rien de plus agréable que de refermer un livre en conservant cette tendre saveur de l’apprentissage et du questionnement individuelle. J’ai lu. J’ai grandi. Quand la littérature devient un tuteur de l’âme, on ne peut que féliciter cette plume qui nous en gratifie.
// « A deux cents mètres du rivage, la mer n'est plus qu'une tension ondulatoire, elle se creuse et se bombe, soulevée comme un drap lancé sur un sommier. //
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