"Boréal" de Sonja Delzongle : la mort au frais

Boréal est le dernier thriller de Sonja Delzongle publié chez Denoël
Boréal est le dernier thriller de Sonja Delzongle publié chez Denoël

Boréal marque le grand retour de Sonja Delzongle dans les librairies. Celle qui avait marqué les esprits dès 2015 avec Dust publié chez Denoël remet donc le couvert et embarque ses lecteurs du côté du Groënland. Un thriller où il va faire froid, un thriller où l’enquête va piétiner, un thriller où des corps vont s’amonceler sans laisser assez d’indices derrière eux … Un thriller comme les autres dites-vous ? Ce n’est pas si certain …


 

# La bande-annonce

 

 

Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière.

 

Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire.

 

 

Le lendemain a lieu la première disparition.

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

Dust est encore dans tous les esprits des amoureux de thriller, qui plus est lorsqu’ils nous viennent directement de l’Hexagone. Dans ce livre paru en 2015, Sonja Delzongle s’amusait à nous faire flipper avec une histoire complexe d’albinos et de décapitations qui se déroulait « quelque part en Afrique ». Un méli-mélo brillamment orchestré et qui avait valu à son auteure la reconnaissance du grand public. La voilà qui réitère l’exploit avec Boréal, un thriller qui s’éloigne de la chaleur moite d’Afrique pour aller affronter le froid polaire du côté du Groenland. Le cadre idéal pour donner place à une histoire de chercheurs internationaux, de meurtres (bien évidemment), mais de bien d’autres choses toujours plus surprenantes les unes que les autres …

 

Sonja Delzongle
Sonja Delzongle

Disons-le tout de go : Sonja Delzongle a « LE » truc pour nous faire vibrer. Alors que de nombreux thrillers s’empilent dans les librairies avec une trame souvent similaire et rébarbative où le suspens bien qu’omniprésent n’est que trop convenu, voilà que Delzongle prend un malin plaisir à assembler des éléments qui ne semblent avoir aucun lien entre eux et qui pourtant vont très vite s’imbriquer pour mener une intrigue, tambour battant, jusqu’à sa fin. Dans Boréal, l’enquêteur n’a pas la place du roi, on se focalise plutôt sur tous les personnages annexes, sur les parfaits innocents que la culpabilité pourrait bien ronger à chaque instant. Des chercheurs internationaux, Luv Svendsen cette mère éplorée qui fait désormais face à son passé … On en croise du monde dans ce livre, autant de coupables parfaits ! Mais le mal est ailleurs et, dans ce désert de glace, il est même partout. Surtout sous la glace, où l’on retrouve dès le début du livre un troupeau de bœufs musqués parfaitement congelés … En parallèle à cette atroce découverte, on prend part, à l’autre bout de la planète, à l’enquête autour du décès d’une jeune fille à la suite d’un banal accident de la route. Aucun rapport, allez-vous dire. Et vous avez bien raison ! Mais c’est tout le talent de Sonja Delzongle que d’imbriquer tout ça et faire en sorte de livrer un tout plutôt palpitant et captivant. Fort !

 

 

 

En même pas 500 pages, Sonja Delzongle confirme encore et encore tout le bien que l’on pensait déjà à son sujet. Multipliant les thématiques, diversifiant les ambiances, additionnant les originalités de forme et de fond, la native de Troyes nous trimballe un peu partout sur le globe mais nous fait garder un œil toujours attentif vers le froid polaire où se déroule une enquête qui ne semble simple qu’en apparence. Et même si l’on a la sensation de partir un peu dans tous les sens de temps à autre (ce qui n’est peut-être pas qu’une impression), on retombe sur nos pattes en fin d’ouvrage, soufflé, cueilli.

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