Ray Bradbury. Un nom qui résonne (très) fort dans le monde foisonnant de la SF et du fantastique. Celui qui a donné naissance à Fahrenheit 451 ou aux non moins célèbres Chroniques martiennes voit l’un de ses nombreux ouvrages être traduit depuis peu en France. Un énième brillant récit fantastique ? Une nouvelle encore jamais traduite dans l’Hexagone ? Même pas ! Bradbury s’installe désormais dans le rayon « Romans noirs » de nos librairies avec La solitude est un cercueil de verre publié chez Denoël. Lettres it be l’a lu et vous en dit un peu plus.
# La bande-annonce
Par une nuit d’orage, un jeune auteur en mal de succès entend murmurer à son oreille : «La solitude est un cercueil de verre.» Quand il se retourne, personne. Le même soir, le cadavre d’un vieillard est retrouvé suspendu dans une cage aux lions. Persuadé d’avoir entendu l’assassin, l’écrivain s’improvise détective.
Son enquête nous entraîne au cœur de la vieille station balnéaire de Venice, Californie, alors aux mains des démolisseurs. À la veille des années cinquante, la cité du cinéma n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ses habitants, aussi excentriques que leur ville, laissent planer une inquiétante étrangeté où il est difficile de démêler le fantasme de la réalité…
# L’avis de Lettres it be
Exit les thématiques d’anticipation abordées dans Fahrenheit 451, exit les mondes fantastiques qui s’entrechoquent généralement sous la plume de Ray Bradbury : ici, tout se déroule dans une ville perdue, défaite et où une succession d’événements plus stupéfiants les uns que les autres va venir mettre un terme à cette étrange quiétude. Ancien paradis du Septième Art, la ville de Venice en Californie devient le cadre d’une enquête toujours aux confis de l’irréel. Mise en abîme ? Projection personnelle ? Toujours est-il que ce roman est aussi l’histoire d’un écrivain à qui l’on aurait chuchoté d’étranges choses à l’oreille. Et si Ray Bradbury était cet écrivain, celui qui a dédié toute sa vie à l’écriture peut-être en quête d’une mystérieuse chose ? C’est une question que l’on est en droit de se poser à la lecture de ce La solitude est un cercueil de verre.
L’ouvrage déjà paru dans la Collection Folio en juin 1991 fait donc l’objet d’une nouvelle traduction et d’une republication chez Denoël. L’occasion de se plonger à nouveau dans un texte tantôt angoissant, tantôt burlesque mais toujours très noir. Ray Bradbury ne s’éloigne jamais trop de ses premières amours fantastiques, on le ressent page après page. De fait, ce roman ne s’inscrit que trop rarement dans la lignée des romans noirs classiques, l’enquête réelle n’est présente que dans de discrets passages. Et pourtant, cette immersion dans une ville fantomatique à souhait où chaque personnage est un livre à lui seul suffit à nous capter du début à la fin. Une approche nouvelle et originale de l’œuvre de Ray Bradbury, à conseiller aux amateurs.
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