Après Horrora Borealis disponible désormais chez Le Livre de Poche, celui qui est également Procureur de la République en pays helvète revient avec Le miroir des âmes publié chez Slatkine & Cie. Un nouveau thriller diamétralement opposé au premier mais qui ne manque pas de surprendre. Et captiver.
# La bande-annonce
Un attentat sans commanditaire, des meurtres sans mobile apparent, l’auteur est à son affaire, il est procureur du Canton de Neuchâtel. Dans ce polar essouflant, il fait endosser à son personnage principal la robe d’un magistrat qui pourrait être son double si tout n’était précisément double et trouble dans ce Miroir des âmes : les flics, les filles, les politiques, les juges et jusqu’à ce mystérieux tueur en série que la police a surnommé Le Vénitien parce qu’il coule du verre de Murano dans la gorge de ses victimes. Le style est au couteau, l’efficacité radicale. Implacable et précis, comme un détonateur.
# L’avis de Lettres it be
Ce fut une heureuse découverte chez Lettres it be que cette lecture du nouveau livre de Nicolas Feuz. Sans avoir eu la chance de lire au préalable Horrora Borealis son précédent roman, nous nous sommes jetés sur ce polar qui résonne fort en pleine rentrée littéraire où l’habitude a pourtant été prise, à regret, de snober le temps de quelques mois tout ce qui touche au roman noir, polar ou thriller. Et difficile de regretter notre choix… L’entrée en matière se fait sans sas de décompression aucun : le prologue capte toute l’attention dès les premiers instants de lecture. On y est, sans avoir eu le temps de dire ouf. L’écriture met dans le bain, un bain qui promet d’être de plus en plus noir.
Finalement, et au fur et à mesure que se met en place la trame de ce Miroir des âmes, force est de constater que sur le fond tout reste assez classique. Les personnages ne disposent pas d’une très grande profondeur (ce qui évite toute digression inutile), le cadre spatio-temporel ne se distingue pas par des spécificités tirées par les cheveux ou autre, quelques scènes viennent mettre devant nos yeux et faire exploser avec brio toute l’horreur dont Nicolas Feuz est capable. Ce qui retient l’attention ici n’est autre que le rythme de cette histoire. Nicolas Feuz impose son style aiguisé, incisif, déchirant, haletant. Les chapitres ultra-courts se succèdent plus vite encore que nos respirations, et la chasse au Vénitien montre crescendo jusqu’à un final brûlant à mi-chemin entre Stephen King et Dennis Lehane. Quelle force de caractère dans une plume qui témoigne déjà d’une très grande expérience en la matière !
Nicolas Feuz fait assurément une entrée remarquée parmi les auteurs de thrillers francophones à surveiller de près. A titre anecdotique, difficile de ne pas voir d’ailleurs une certaine similitude entre une scène bien précise du Miroir des âmes et l’un des romans de Bernard Minier, passé maître en la matière. Une scène à base de cadavre suspendu et de funiculaire. Avis aux amateurs ! Quoi qu’il en soit, l’auteur suisse confirme tout le bien que l’on pouvait déjà penser de lui et ne laisse qu’une envie : continuer à le suivre encore et encore.
Écrire commentaire