C'est l'un des premiers romans de cette rentrée littéraire 2018 les plus appréciés du côté de Lettres it be. K.O., c'est le titre de ce livre écrit par Hector Mathis. Un roman sombre, une dystopie à peine fictionnelle. Son auteur a répondu à nos quelques questions pour en savoir un peu plus...
Bonjour et merci de prendre part à cette interview pour Lettres it be. Tout d’abord, une question terriblement basique mais indispensable : qui êtes-vous Hector Mathis ? Que faisiez-vous avant de vous lancer dans l’écriture ?
Je suis un jeune travailleur obnubilé par l’écriture. Ma courte existence a été occupée par un tas d’expériences : la chanson, les boulots mal payés, l’enseignement...
Dans votre vie d’artiste, et si les infos sont bonnes, vous êtes d’abord entré dans la musique avant de vous tourner vers le roman. Finalement, même combat ?
Tout à fait ! Les romans sont des partitions, certains thèmes reviennent en permanence, c’est la grille harmonique au sein de laquelle tout est permis. Il s’agit ensuite de travailler son écriture au point de livrer la meilleure improvisation possible. Le tout doit être musical, rythmé, percutant !
Vous débarquez en librairie avec votre tout premier roman K.O. et ce en pleine rentrée littéraire où les premiers romans ont la part belle. Une pression supplémentaire pour se faire une place dans la bibliothèque des lecteurs ?
Certainement. L’offre est pléthorique. Mais je suis confiant. Mon appétit émanera des rayons, l’attraction aura lieu !
Quelques mots peut-être pour présenter votre premier roman à ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de le découvrir ?
Il s’agit de la naissance d’un écrivain, pris dans un monde qui se précipite vers la mort. On y trouvera différents thèmes : la poésie, la musique, la banlieue, la maladie, la mort ou encore l’amitié.
Un méticuleux travail sur la musicalité de vos mots et de vos phrases, une gouaille « à l’ancienne » dans la bouche de vos personnages… Quels sont les livres, les auteurs qui ont pu vous pousser à modeler votre roman de la sorte ? Un livre-hommage à certains d’entre eux ?
Il est certain qu’on ne vient pas de nulle part, j’ai mes maîtres. Il doit y avoir du Kafka, du Céline, du Calaferte, du Audiard et du Dostoïevski, mais il y a surtout mes tripes.
Entre autres, on ne peut s’empêcher de penser, tout au long de notre lecture, à la plume d’un Louis -Ferdinand Céline. Est-ce un auteur qui vous a marqué dans votre parcours de lecteur, puis maintenant d’auteur ? Pourquoi ?
Bien sûr. Quand j’ai découvert Céline j’ai eu le sentiment d’appartenir à une famille littéraire, loin du langage académique et des tournures précieuses. Cela faisait écho à mon quotidien, à la langue que j’employais dans la rue, que je travaillais dans mes chansons. Et certaines péripéties, souvent vécues en banlieue, étaient étrangement proches de ce que nous vivions, mes amis et moi-même. Seule l’époque changeait. C’est un libérateur, il a renforcé mon désir et mon enthousiasme.
Comment Sitam, le personnage principal de votre livre, a-t-il pris vie sous votre plume ? Comment s’est passé votre travail d’écriture pour le concevoir et l’intégrer dans le monde de K.O. ? Lequel a précédé l’autre ?
Je n’ai aucune méthode, tout s’est imposé à moi assez rapidement. D’abord l’univers il me semble. Ensuite le personnage principal, pris dans le chaos, aux souffrances analogues à celles qui rongent le monde.
Vous faîtes la description d’un monde qui aurait allègrement franchi l’ultime pas vers le chaos, un monde où les salles de concert deviennent cimetières et l’Humanité, paillasson. Comment est né le monde de K.O. ? Un monde encore assez lointain ?
Je n’ai pas le sentiment qu’il soit lointain. C’est le monde dans lequel nous vivons, à peine exagéré pour faire surgir l’émotion du réel. Rien de dystopique là-dedans. Bien sûr les événements y sont rassemblés, condensés, ou au contraire étirés, pour les besoins de la fiction, mais ce monde est le nôtre. Du moins c’est le mien.
Une petite question en passant : en « verlan », le prénom de votre personnage (Sitam) ne donne rien d’autre que « Matis ». Alors, quelle part de Mathis peut-on retrouver dans Sitam ?
C’est un double. On y retrouve des colères, des failles et des appétits, mais ça reste un personnage de fiction. Cela offre beaucoup plus de libertés. Son comportement n’est pas le mien, son vécu non plus.
Déjà une idée pour votre prochain livre ? Peut-on imaginer une suite à K.O., peut-on imaginer que cette « foutue partition pour détraqués » se prolonge encore un peu ?
Plus qu’une idée, un manuscrit. Il est déjà entre les mains de mon éditrice. Il s’agira d’une suite qui peut tout de même se lire sans avoir parcouru une seule page de K.O. Je suis loin d’en avoir terminé avec cette partition...
Passons maintenant à des questions un peu plus légères pour en savoir plus sur Hector Mathis l’homme et Hector Mathis l’auteur :
Le livre à emporter sur une île un peu déserte ?
Voyage au bout de la nuit.
Le film que vous pourriez regarder tous les jours ?
Un singe en hiver.
Le livre que vous aimez en secret ?
Je n’ai pas d’amour secret.
L’auteur avec qui vous voudriez discuter autour d’une bière ?
Peut-être Cioran. Mais pas autour d’une bière.
L’auteur que vous n’auriez pas aimé être ?
Il y en a tellement...
Vous ne devez écouter plus qu’une seule musique. Laquelle ?
Difficile... J’hésite entre jazz, rap et chanson française. Peut-être la chanson française. Il m’est difficile de me passer de Brel et de Brassens.
Votre passion un peu honteuse ?
Les zones industrielles.
Le livre que vous auriez aimé écrire ?
Voyage au bout de la nuit.
Le livre que vous offririez à un inconnu / une inconnue ?
La chute dans le temps.
La première mesure du Président Mathis ?
Des logements pour tous ceux qui vivent dans la rue.
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