C’est une adaptation qui fait grand bruit, très positivement, qui se joue en ce moment du côté du Théâtre la Pépinière. Cette adaptation, c’est celle du roman à succès d’Olivier Bourdeaut En attendant Bojangles publié chez Finitude. Véritable succès de librairie, le livre se retrouve maintenant sur les planches parisiennes avec une mise en scène réalisée par Victoire Berger-Perrin. Lettres it be est allé faire un tour du côté de cette pièce jouée depuis le 18 janvier dernier du mardi au samedi à 19 heures et vous en rapporte quelques souvenirs.
Anne Charrier, Didier Brice et Victor Boulenger. Ils sont trois, trois sur une scène jamais trop grande pour eux pour donner vie au récit d’Olivier Bourdeaut. Après avoir enflammé le Festival Off d’Avignon l’année dernière, la petite troupe remet le couvert sur Paris. Le succès est, une fois encore au rendez-vous, assurément porté par le livre et ses retombées extrêmement positives tous publics confondus, mais aussi porté par ce trio qui semble s’être trouvé mieux que n’importe quel autre.
L’histoire est très vite posée, on tourbillonne dans le roman presque encore mieux que ce que l’on avait pu imaginer. Les phrases prennent vie et dansent sur la scène au rythme du titre éponyme de Nina Simone. L’univers est là, Anne Charrier rayonne et explose dans le rôle de la Maman et les deux autres acteurs se mettent au diapason avec brio. En bon narrateur, Victor Boulenger propose la figure de l’enfant de ce couple mirifique avec un ton particulier et un jeu peut-être un tout petit cran à côté de ce à quoi on pouvait s’attendre. L’humour de Bourdeaut fait mouche à chaque fois, les tirades éclatent aux oreilles, les sourires se dessinent sur les visages alors que la fin paraît de plus en plus inéluctable.
Le décor choisi pour illustrer la pièce et d’une finesse toute particulière. Certaines critiques ont regretté un décor d’appartement agréablement coloré mais finalement très (trop) minimaliste au regard de la foisonnance des descriptions qu’en fait Olivier Bourdeaut. Mais n’est-ce pas là toute la magie du livre, et de fait de la pièce, d’immerger le lecteur/spectateur dans sa propre imagination ? On ne retrouve effectivement sur scène qu’un large divan, quelques meubles par-ci par-là. Un jeu de lumière bien senti fait entrer Madame Superfétatoire dans l’espace. Et c’est tout. Le reste n’est que récit des aventures fabuleuses de ces trois personnages. Mais qui est le plus fou sinon celui qui ne parvient plus à imaginer ?
On ne va pas refaire la critique de l’œuvre, critique déjà présente sur Lettres it be. Mais tout de même, quel chef-d’œuvre ! Quel pied ! Sur papier ou sur planches, cette œuvre est immense, par sa simplicité, sa folie et son sens. En attendant Bojangles est de ces grandes œuvres qui touchent tout le monde au cœur. Les questionnements fourmillent, les interprétations diverses s’imposent clairement à nous. Récit de la folie ordinaire, ce livre est aussi celui de l’amour jusqu’au bout. Au-delà de tout.
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