"Klimt" de Jean-Luc Cornette et Marc-Renier

Klimt est le dernier album de Jean-Luc Cornette et Marc-Renier, avec Mathieu Barthelemy aux couleurs
Klimt est le dernier album de Jean-Luc Cornette et Marc-Renier, avec Mathieu Barthelemy aux couleurs



La magnifique couverture dorée reprenant le célèbre Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I suffit à prendre le pouls de nos attentes concernant le dernier album de Jean-Luc Cornette et Marc-Renier paru récemment chez Glénat : on s’attend à une véritable plongée dans l’œuvre de Gustav Klimt, maître peintre autrichien du XIXème et XXème siècle. Et, de toute évidence, on n’a pas été déçu …


Jean-Luc Cornette
Jean-Luc Cornette

# La bande-annonce

 

Vienne, 1907. Gustav Klimt se rend dans la demeure des Bloch-Bauer. Ce couple de la haute-bourgeoisie viennoise et le peintre semblent partager une profonde amitié. Il faut dire que six ans plus tôt, alors que le scandale de son tableau La Médecine lui mettait à dos les trois-quarts des professeurs de l’université de Vienne, Adèle et Ferdinand Bloch-Bauer étaient parmi les seuls à reconnaître son génie. Visitant son atelier, partageant son quotidien, ils étaient peu à peu devenus amis. Aujourd’hui, Ferdinand lui demande l’honneur de réaliser un portrait de sa femme. Flatté et reconnaissant, Klimt promet de la recouvrir d’or... littéralement.

 

 

 

Jean-Luc Cornette et Marc-Renier nous plongent dans l’univers charnel et symboliste du maître de l’Art Nouveau viennois. Fantasmant par instants les songes hallucinés du peintre desquels il aurait puisé son inspiration, cet album nous offre un voyage aux sources de la beauté, entre rêve et réalité.

 

Marc-Renier
Marc-Renier

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

C’est juste à côté de la célèbre Sécession de Vienne que débute cette bande dessinée aux allures de livre d’Art. Sous les traits de deux dessinateurs de formation plutôt classique et ayant fait leurs armes du côté de Spirou pour Jean-Luc Cornette et Super Tintin pour Marc-Renier, on plonge donc dans le quotidien de Gustav Klimt, immense peintre autrichien ayant inspiré (presque) à lui seul la Sécession viennoise, grand mouvement artistique articulé autour d’un renouveau assumé des formes artistiques connues jusqu’alors. Les premières cases donnent le ton d’un album précis, minutieux dans le détail et qui exprime tout le souci d’une adéquation parfaite entre le propos de l’album et sa représentation. Un plaisir continu.

 

Dès les premières pages, nous nous retrouvons donc nez à nez avec celle qui inspirera peut-être l’un des plus célèbres tableaux de Klimt, la belle Adèle Bloch-Bauer, alors femme d’un riche industriel autrichien. On se trouve également confronté très vite aux rêveries d’un artiste en quête d’inspirations nouvelles auprès de ses muses en tenue d’Eve. Le tout dans un écrin de couleurs savamment maîtrisé, qui évoque sur chaque planche le « style Klimt » : cette sobriété dans la colorimétrie soudainement explosée par des tons bronze, doré, métal. C’est beau, agréable à regarder, à l’image du plaisir que l’on avait ressenti récemment à la lecture de la BD Le chien de Dieu de Jean Dufaux et Jacques Terpant. Quand la BD s’habille comme là de ses plus beaux traits, il n’y a rien de plus à faire que profiter !

 

Le scénario reste plutôt classique, comme dans bon nombre de bandes dessinées à caractère biographique. On suit les pas du maître de son atelier jusque dans ses pérégrinations viennoises. On traverse les plus beaux lieux de la capitale autrichienne en assistant, confus, à l’histoire d’amour naissance entre le peintre et la femme de l’industriel qu’il a pour souhait de « couvrir d’or ». Pas (que) pour de faux. Quelques planches nous réservent tout de même des surprises lorsque se mêle au récit cette aventure mythique à laquelle croit prendre part Gustav Klimt. N’allons pas trahir de secret supplémentaire …

 

 

 

 

Ces courses peu frileuses après le chat fuyard rappellent inévitablement quelques souvenirs de planches trouvées du côté du Chat du rabbin  de Joann Sfar, et sont tout du moins à mourir de rire. Un exemple parmi d’autres pour illustrer la volonté des deux dessinateurs de proposer un album d’Art, aussi beau à voir qu’à lire, mais qui n’oublie pas la plus pure tradition de la BD qui fait rire, de la BD qui fait passer un bon moment. De toute évidence, une belle lecture à mettre entre les mains d’amoureux du Neuvième Art mais aussi d’amateurs d’Art tout court.

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