Après avoir tenté de percer les mystères de Paiement accepté, le dernier ouvrage d’Ugo Bienvenu publié chez Denoël Graphic, Lettres it be s’est penché sur L’Aimant, publié aux Editions Sarbacane. Une toute première publication pour Lucas Harari, qui quitte tout juste les études d’architecture pour se consacrer aux arts décoratifs et ici à la bande dessinée. De quoi retrouver un ouvrage qui mêle les deux à merveille ? Lettres it be vous dit tout !
# La bande-annonce
Pierre, jeune étudiant parisien en architecture, entreprend un voyage en Suisse afin de visiter les thermes de Vals. Ce magnifique bâtiment, conçu par le célèbre architecte suisse Peter Zumthor*, au cœur de la montagne, le fascine et l’obsède. Cette mystérieuse attraction va se révéler de plus en plus forte à mesure que Pierre se rapproche du bâtiment…
Ces murs recèlent un mystère, Pierre en est persuadé - une porte dérobée, qu'il doit absolument trouver.
# L’avis de Lettres it be
Comme dit, c’est en 2015 que Lucas Harari conclut ses études à Paris par un diplôme en arts décoratifs, spécialité image imprimée. Cela après avoir découvert brièvement l’architecture, toujours pendant sa vie estudiantine (fils d’architectes oblige). Tout un portefeuille de connaissances aujourd’hui mis au service du dessin avec ce premier ouvrage qui se présente sous les habits d’un thriller cotonneux, perdu entre les montagnes et les mures d’une station thermale suisse. Une intrigue bien ficelée venant animer le tout. Entre ces quelques 152 pages toutes en trichromie, il y fait froid, sombre, il y fait (un peu) peur. Mais pas que …
Exit les gouttières entre les cases, Lucas Harari mise sur le rythme. C’est la toute première chose qui frappe l’esprit à la lecture de L’Aimant. Un choix stylistique osé, intéressant tant il lie les cases entre elles et offre des arcs de lecture ininterrompus, vifs et précis. Seul un trait noir vient donc rompre l’équilibre entre les cases. Un choix fort qui vient se ranger au côté de nombreuses références, inévitables à l’œil pour certaines (Ted Benoit, Charles Burns …). En premier lieu, ce sont les multiples clins d’œil à l’œuvre d’Hergé que l’on retrouve avec joie dans cet ouvrage (cette fusée dans les dernières pages, forcément..). Hariri, en bon lecteur de Georges Rémi, n’hésite donc pas à glisser de bien belles références dans ses planches, s’assurant un brillant mélange des genres entre inspirations modernes et plus anciennes. Bien vu.
L’intrigue est assez convenue mais captivante, rarement en longueur, bien abordée. La fin surprend doucement mais ne rompt en rien le fil de notre plaisir de lecture. Pour ce qui est du dessin, impossible de passer à côté de cette ligne claire, architecturale au possible. Chaque planche de Lucas Hariri est un édifice qui prend forme, une bâtisse qui est en train de naître. C’est précis, minutieux, trop peut-être diront certains tant le côté froid ressort de chaque page. Mais après tout, l’histoire ne se passe pas au fin fond du désert marocain mais bien dans un territoire où la neige est reine. Ceci explique cela. Pour le reste, les tons sont froids, vifs. Un noir profond vient couronner le tout et permettre une balance visuelle finalement riche et qui renouvelle le plaisir de lecture à chaque page, tout en sobriété.
Une petite découverte, heureuse et une intrigue brillante. Lettres it be vous recommande chaudement cet Aimant, évidemment !
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