La cantine de minuit, Comme un chef, Artiste un chef d’exception, maintenant Le goût d’Emma… Les mangas, bandes dessinées et romans graphiques dédiés à la gastronomie et la cuisine ne manquent pas ces temps-ci ! Lettres it be a donc mis sur le feu Le goût d’Emma, récemment paru chez Les Arènes, roman graphique à six mains qui retrace la vie passionnante d’Emmanuelle Maisonneuve, l’une des premières femmes à avoir travaillé pour le célèbre Guide Michelin.
# La bande-annonce
Emma a un don, celui du goût. Grâce à la finesse de ses papilles, elle réussit à devenir inspectrice au prestigieux Guide Michelin. Elle réalise son rêve : découvrir les secrets des chefs.
Sa mission est semée d’embûches. On l’envoie sillonner seule les routes de France pour visiter hôtels et restaurants. Elle mange trop, parfois mal, et se heurte au machisme du milieu. Mais guidée par sa passion pour la cuisine et son indépendance farouche, elle vivra une extraordinaire aventure sensuelle et humaine. Cette quête initiatique la conduira même jusqu’au Japon.
Inspiré de la véritable histoire d’une des premières femmes inspectrices au Guide Michelin, Le Goût d’Emma dévoile les coulisses de la gastronomie.
# L'avis de Lettres it be
Une ascension hors du commun, un destin de femme dans un milieu d’hommes avec en arrière-fond les cuisines des plus grands restaurants de France et de Navarre… Le cadre est des plus plaisants pour ce nouveau roman graphique qui réunit une bien belle équipe à la manoeuvre : Kan Takahama au dessin, Emmanuelle Maisonneuve et Julia Pavlowitch à la narration pour une histoire largement inspirée de la vie de « Emma », première femme à intégrer les rangs des critiques du Guide Michelin. Avec l’aide du trait déjà largement plébiscité de Kan Takahama (Prix d’excellence Manga Open du magazine Morning pour Mont Saint-Michel et bien d’autres récompenses encore), les trois comparses offrent chacune leurs talents respectifs pour donner vie à un récit intime voire personnel pour l’une d’entre elles, à mi-chemin entre le manga dépaysant et le récit un brin girly avec juste ce qu’il faut de guimauve.
Sur l’histoire de ce récit en elle-même, cette petite épopée d’une jeune femme passionnée et passionnante a tout pour séduire. Bien dans l’ère du temps, ce récit pourrait être lu avec toute la ferveur d’un féminisme d’arrière-plan comme on retrouve (trop) souvent aujourd’hui dans les œuvres de toutes sortes et pourtant, on se prend d’intérêt voire d’amitié pour la jolie Emma et ses différentes péripéties parisiennes puis à travers l’Hexagone. On regrettera quand même la surcouche dispensable proposée avec une amourette qui fait office de fil conducteur tout au long du récit et qui ne convainc pas vraiment. Un petit accroc dans une assiette globalement bien servie.
Alors que Comme un chef de Benoît Peeters et Aurélia Aurita nous avait (très) agréablement surpris chez Lettres it be, force est de constater que la mayonnaise ne prend pas avec ce Goût d’Emma. L’univers de la gastronomie, ici plutôt orienté critique et guide Michelin, ne séduit pas vraiment, n’emballe pas. Le dessin semble hésitant, Kan Takahama donne l’impression d’avoir tergiversé entre l’illustration d’un roman graphique somme toute classique et la pleine expression du dessin « manga » où elle excelle. Ca reste agréable, mais peut-être trop retenu dans la retranscription des cuisines et des endroits bien de chez nous. Et sur le fond, comme dit précédemment, l’histoire reste plutôt banale, classique, évidente. A la baguette, Emmanuelle Maisonneuve (la Emma de la BD) et Julia Pavlowitch, restent au beau milieu des sentiers battus. A regret. Une lecture agréable, intimiste, tout de même, mais qui déçoit par un tel potentiel inexploité.
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