Un générique mythique, des acteurs devenus emblématiques, impossible de passer à côté de « Bond, James Bond ». 6 acteurs différents, 26 films à l’heure où Lettres it be écrit cet article, des millions de téléspectateurs à travers le monde, tout cela tiré des livres fabuleux de Ian Fleming. L’auteur britannique né à Londres en 1908 devient, à son tour, un héros de plume. Et si Flaubert était « un peu » Madame Bovary, est-ce que Ian Fleming ne serait pas non plus « un peu » James Bond ? C’est tout l’objet du dernier livre d’Alexandra Echkenazi, Le joueur de baccara publié en novembre dernier chez Belfond.
# La bande-annonce
Cannes, janvier 1952. Scène de course-poursuite. Impact. Un homme à l’accent slave et au regard d’acier braque son arme sur la tempe d’un journaliste anglais qui le traque depuis des années et porte le nom de Ian Fleming. Londres, dix ans plus tôt. Ian Fleming, jeune héritier sans vocation, est embauché au service de renseignements de la Navy. Il tient là l’occasion de devenir un vrai héros et de briller aux yeux de la belle Ann O’Neill. Mais en fait de missions excitantes, Ian est assigné derrière un bureau à des tâches administratives. L’humiliation est d’autant plus cuisante qu’Ann semble être convoitée par un énigmatique ressortissant yougoslave… aussi beau et sûr de lui que Ian est gauche et hésitant, et se présentant comme un riche homme d’affaires. Est-il vraiment ce qu’il prétend être ? Quelle est la véritable raison de sa présence dans la capitale anglaise en plein Blitzkrieg ? L’imagination de Ian s’emballe et il se lance dans une enquête sans relâche sur cet homme mystérieux. Une enquête qui tourne à l’obsession et risque de compromettre la plus vaste opération d’espionnage britannique de la Seconde Guerre mondiale…
De Londres à New York en passant par Lisbonne, Belgrade, Dubrovnik, la Jamaïque et la France, Le Joueur de baccara est le roman vrai de la naissance de James Bond, ou la rencontre entre un futur écrivain, Ian Fleming, créateur du personnage de 007, et son modèle, Dusko Popov, considéré comme l’un des plus grands espions de tous les temps.
# L’avis de Lettres it be
L’auteure du Journal de Mary revient donc aux affaires avec une autre plongée en plein cœur d’un destin, cette fois dans celui de Ian Fleming, connu comme l’inventeur de James Bond. Mettons les choses tout de suite au clair : n’allez pas penser qu’il s’agisse ici d’un énième livre sur l’agent 007. Loin de là, Alexandra Echkenazi fait plutôt refléter la genèse du célébrissime personnage à travers les différents prismes de la propre vie de Fleming mais aussi de ses diverses inspirations. Le réel et la fiction partent dans une valse endiablée où l’auteure semble décidément très à l’aise et où le lecteur se laisse rapidement embarquer.
Que ce soit le récit des manigances indispensables de l’espionnage pendant la Seconde guerre mondiale, ou encore les moments qui se rattachent à la vie de tous les jours d’un agent-double, l’ambiance est toujours bien posée et les passages ne s’allongent pas trop. Le livre se lit bien, très bien même, sans jamais perdre le lecteur entre les retours multiples vers les destinées croisées de Fleming himself ou de Dušan Popov. C’est mené de main de maître, on nous épargne les circonvolutions de la langue et de l’esprit, et ça ne jamais de mal.
Saviez-vous que Ian Fleming tirait le nom de « James Bond » d’un ornithologue ? Saviez-vous que pour définir les contours de son personnage, Fleming s’était inspiré de sa propre expérience au service du MI6 mais aussi de la vie de Dušan Popov, un agent-double d’origine serbe ayant longtemps œuvré en Europe durant la Seconde Guerre mondiale ? Au-delà du romanesque, c’est toute une mine de découvertes diverses qui se laisse découvrir dans cet ouvrage. Alexandra Echkenazi y ajoute sa touche d’inventivité pour lier les fragments d’information, pour coller les bouts de faits et de vérité et finalement livrer un roman prenant qui se laisse agréablement lire.
En bref, on se laisse séduire par ce récit à la croisée des chemins entre la biographie, le roman d’espionnage et d’Histoire. Un petit plaisir, et encore une heureuse publication du côté de Belfond après, entre autres, Le Dernier Hyver de Fabrice Papillon. On en redemande.
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