"Etat de nature" de Jean-Baptiste de Froment : La France, les gilets jaunes, Macron... demain ?

Etat de nature est le premier roman de Jean-Baptiste de Froment publié chez Aux forges de Vulcain
Etat de nature est le premier roman de Jean-Baptiste de Froment publié chez Aux forges de Vulcain


Etat de nature est le premier roman de Jean-Baptiste de Froment publié chez Aux forges de Vulcain. A lui seul, ce livre incarne ces premiers romans qui retiennent l’attention, déjà par la thématique traitée, mais aussi par le nom qui porte cette aspiration aux librairies. Jean-Baptiste de Froment est un homme politique au CV déjà bien rempli. Quand la fiction cache la forêt. Ou que la forêt cache la fiction ?



 

# La bande-annonce

 

Grand serviteur de l'état, Claude officie discrètement dans l'ombre d'une présidente vieillissante. Un matin, il décide de se lancer à la conquête du pouvoir. Mais était-il bien judicieux de s'exposer ainsi à la lumière ? Car au même moment, une révolte populaire, attisée par la jeune et charismatique Barbara, monte dans la Douvre, département oublié de tous qui devient la vivante image des colères et espérances du pays tout entier.

 

 

# L’avis de Lettres it be

 

Nouvelle entrée au catalogue des Forges de Vulcain, une maison que l’on suit avec plaisir et intérêt depuis plusieurs années maintenant. Désireuse de mettre en avant ces textes qui brillent par leur petite étincelle de n’importe quoi, par ce petit « je ne sais quoi » qui donne à nos lectures une toute autre tournure, les Forges nous offre cette fois Etat de nature, le premier livre d’un politicien. Un vrai. Et ça se sent !

 

 

 

« Le président Farejeaux acquiesça d’un signe de tête. Il ne présidait plus grand-chose en particulier, mais le titre lui était conservé, en vertu de cette métaphysique très française qui permettait à tous ceux qui, un jour, avaient été, de persévérer pour l’éternité dans un être imaginaire, honorifique. »

 

 

La vidéo du moment

Jean-Baptiste de Froment
Jean-Baptiste de Froment

 

Le ton est très vite donné dans ce roman qui promet d’offrir une dystopie politique en bonne et due forme. Politicien aguerri, mais aussi agrégé de philosophie, Jean-Baptiste de Froment propose avec Etat de nature une peinture pas si abstraite d’une France future où règnent les luttes en haut comme en bas. Pour le pouvoir en haut. Pour l’honneur en bas. Comme un goût de chose connue ?

 

 

Si l’on se penche quelques lignes sur la forme de ce roman, force est de constater que le mélange est séduisant. Jean-Baptiste de Froment se plonge dans le genre dystopique avec aisance et avec un certain classicisme dans la langue qui ne déplaît pas. De nombreuses tournures de phrase ponctuent le récit et font mouche à chaque fois, les personnages ne sombrent pas dans la caricature facile même s’ils incarnent assurément des figures politiques malheureusement bien proches. Dans un registre bien différent du Première Dame de Caroline Lunoir, notre homme confirme ici la tendance au roman politique, tendance qui montre le bout de son nez dans les librairies françaises depuis plusieurs mois. Et le jaune fluo qui pointe à l’horizon n’y changera rien…

 

 

Il est toujours délicat de se plonger dans des écrits de fiction qui ne sont assurément pas que cela. Jean-Baptiste de Froment est en terrain conquis quand il évoque cette situation politique française, même si grandement imagée et fantasmée dans cet Etat de nature. Quand notre homme parle des petits jeux d’intérêt, des jeux de dupe, des jeux d’influence et de pouvoir, quand il parle de ça, il faut entendre cette résonance toute particulière. Quand notre auteur parle de cette grogne qui monte dans les petits coins de France, il faut penser qu’il fut (dans la vraie vie) celui qui présenta Christophe Guilluy à Nicolas Sarkozy, Guilluy ou l’inventeur du concept désormais sacralisé de « France périphérique ». « La fiction n’engage que ceux qui y croient » pourrait-on dire, pour paraphraser le bon Jacques (ou le bon Charles d’ailleurs, déjà là, rien n’est certain). Et la lecture de ce premier roman devient pesante, presque angoissante. La Douvre est-elle vraiment si loin ?

 

 

 

C’est un roman qui pourrait se faire le pendant fictionnel du mouvement des gilets jaunes. C’est un roman qui pourrait se faire la dystopie d’une situation politique française qui se rapproche dangereusement du gouffre du changement. C’est un roman qui est un peu tout ça à la fois. Difficile d’avoir un avis tranché : la lecture est agréable, la toile de fond séduisante. Mais cette sensation demeure, sensation qui fait penser que l’auteur n’est pas allé au bout des choses. Jean-Baptiste de Froment avait des choses à dire. La fiction est un paravent qui parfois laisse place à des jeux d’ombre inquiétants.

 


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